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Introduction : Depuis les années 1980 à nos jours, certains Médecins Généralistes (MG) se sont impliqués dans la prise en charge addictologique. L’objectif de cette étude est de documenter cette mobilisation.
Méthode : Une enquête a été réalisée par entretiens semi-dirigés individuels, avec enregistrement, transcription et analyse par 2 doctorants en Médecine Générale.
Résultats : Nous avons pu réaliser 21 entretiens avec des MG qui ont participé à la mobilisation concernant l’Addictologie en soins primaires. Ils nous ont rapporté avoir rencontré des patients avec une problématique de consommation de psychotrope, précocement dans leur carrière dans la majorité des cas, sans avoir eu de formation préalable. En l’absence d’alternative de prise en charge, ils ont ressenti la nécessité de se regrouper pour ne pas se sentir seul, afin d’échanger et de se former. Parmi eux, certains étaient préalablement engagés sous une forme ou une autre, mais pas tous. Parce qu’ils ont beaucoup appris, certains ont voulu transmettre ces enseignements à leurs collègues, leurs confrères et leurs étudiants. Secondairement, une fois regroupés en réseau ou association, certains ont bénéficié de soutien, notamment financier pour soutenir leurs actions. Néanmoins, il ressort des entretiens que les rapports avec les différentes administrations et institutions sont assez mitigés. Celles-ci ont été tantôt porteuses, tantôt limitantes, leurs interventions variant en fonction des orientations politiques des différents interlocuteurs. La pratique en Addictologie des MG a souvent modifié leurs représentations, mais plus encore l’ensemble de leur pratique.
Conclusion : Certains MG se sont impliqués dans la prise en charge addictologique dès les années 1980. Sans que ces MG n’aient un profil particulier, ils se sont tous retrouvés dans une situation similaire : répondre à des demandes de patients, pour lesquels il n’existait pas d’offre de soin adaptée ni de prise en charge claire, et pour lesquelles ils ne se sentaient pas formés. Ils ont réagi de manière assez semblable en se regroupant pour échanger et se former afin de pouvoir proposer une solution adaptée à ces patients. L’investissement dont ils ont fait preuve a durablement modifié leurs représentations, mais plus encore l’ensemble de leur pratique.