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Introduction : Selon les recommandations actuelles, toute chirurgie urologique au contact de l'urine nécessite un dépistage et l'éventuel traitement par antibiothérapie d'une colonisation urinaire. L'objectif de cette étude était de savoir si la durée de traitement antibiotique d'une colonisation urinaire avant chirurgie urologique influait ou non sur la survenue de complications infectieuses post-opératoires.
Matériel et méthodes : L'étude multicentrique TOCUS était une étude rétrospective et nationale qui incluait tous les patients ayant eu un dépistage d'une colonisation urinaire avant chirurgie urologique de Janvier 2016 à Avril 2021. Le critère de jugement principal était la survenue d'une complication infectieuse (infection du site opératoire ou infection urinaire fébrile définie par la survenue de fièvre en post-opératoire associée à un tableau clinico-radio-biologique évoquant une prostatite, une pyélonéphrite ou un urosepsis) survenant dans les trente jours post opératoires. Le traitement antibiotique court d'une colonisation urinaire était arbitrairement défini par une durée inférieure ou égale à 5 jours. Le traitement long était défini par une durée strictement supérieure à 5 jours.
Résultats : Parmi les 1795 patients inclus, 611 (34%) patients avaient un ECBU positifs (mono, bi ou polymicrobiens), dont 427 (69,9%) avaient un ECBU positif mono ou bimicrobiens et 184 (30,1%) un ECBU polymicrobiens. Il y a eu 42 (6,9%) infections postopératoires fébriles dans les 30 jours dont 31 (7,25%) dans le groupe ECBU mono ou bimicrobiens et 11 (6%) dans le groupe ECBU polymicrobiens. Concernant le groupe comprenant tous les ECBU positifs, 230 (38,4%) avaient reçu un traitement court, contre 227 (37,1%) un traitement long et 142 (23,7%) n'avaient pas reçu de traitement. Concernant le groupe mono ou bimicrobiens traités, 195 (50,3%) avaient reçu un traitement court, contre 193 (49,7%) un traitement long. Il n'y avait pas de différence statistiquement significative concernant le critère de jugement principal (p=0,357) et ce résultat était confirmé également avec le groupe tout ECBU positif (p=0,638).
Conclusion : Cette analyse préliminaire de l'étude TOCUS montre que la durée de traitement d'une colonisation urinaire avant chirurgie urologique n'était pas statistiquement associée à la survenue de complications infectieuses post-opératoires. Ces résultats préliminaires, la pression de sélection antibiotique induite par un traitement long, l'antibiorésistance et les coûts induits, plaident en faveur d'un traitement court de la colonisation urinaire avant chirurgie urologique.