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Introduction : Les inhibiteurs de tyrosine kinase (TKI) sont des " thérapies ciblées" ciblant de façon spécifique une protéine ou un mécanisme jouant un rôle dans l'oncogenèse. Le rôle des tyrosines kinases et leurs inhibiteurs dans la physiopathologie de l'hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) fait l'objet de diverses études, que ce soit en tant que pourvoyeur de la maladie, ou comme piste thérapeutique. Actuellement, plusieurs TKI ont été imputés dans la survenue d'une HTAP notamment le dasatinib. Les traitements impliqués sont surtout utilisés en hématologie. Il existe des recommandations françaises pour la prise en charge des manifestions cardio-respiratoires sous TKI dans la leucémie myéloïde chronique (LMC).
Notre objectif est d'évaluer l'intérêt de l'application des recommandations du Groupe français pour la LMC en oncologie médicale, puis de proposer un algorithme de gestion des symptômes cardiorespiratoires sous traitement.
Méthode : Un questionnaire évaluant les pratiques professionnelles permettant de faire un état des lieux de la connaissance et de la gestion des effets cardio-respiratoires sous TKI en oncologie médicale au CHU de POITIERS, puis une étude observationnelle descriptive d'une population de patients traités par TKI au CHU de POITIERS.
Résultats : Notre taux de participation est de 76 %. Les toxicités cardio-respiratoires induites par les TKI en hématologie sont connues par 52,9% des médecins. Tous les praticiens effectuent un bilan pré-thérapeutique (100%) comportant dans 52,9% des cas une échographie cardiaque (ETT). Les ETT de contrôle (52,9%) ont principalement pour but de rechercher une altération de la FEVG (66,6%). Suite à la lecture des recommandations de la société d'hématologie, 64,7% des médecins pensent qu'elles pourraient être appliquées en oncologie.
De janvier 2018 à mars 2021 deux cent cinquante-trois patients âgés de 27 ans à 100 ans ont été traités par inhibiteur de tyrosine kinase au CHU de POITIERS. Chez cette population, une ETT (pré thérapeutique et suivi) est réalisée dans moins de 50%. Près de 19,37% (49) des patients présentent des symptômes cardio-respiratoires. Parmi ces patients il existe une imputabilité des TKI chez 9 patients (18,34%). Finalement parmi les patients de notre population, 1 d'entre eux (0,4%) présentent un tableau compatible avec une hypertension artérielle pulmonaire, après élimination d'autres diagnostics différentiels.
Conclusion : Le rôle des TKI dans l'HTAP en tant que pourvoyeur de la maladie ou possible traitement, reste à approfondir. L'HTAP est une pathologie peu connue en oncologie médicale, et de ce fait non recherchée. Au vu des données de la littérature, des résultats de l'enquête auprès des oncologues du CHU de POITIERS, et des résultats obtenus suite à notre étude sur la population de patients sous TKI suivi de janvier 2018 à mars 2021 en oncologie médicale au CHU de POITIERS, l'utilisation d'un algorithme pour le dépistage de l'HTAP sous TKI en oncologie et d'un second algorithme de gestion des symptômes cardio-respiratoires sous TKI semble envisageable.