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INTRODUCTION : La prévalence tabagique et ses conséquences en termes de morbi-mortalité sont deux fois plus importantes chez les patients atteints de troubles mentaux, malgré l'intensification des mesures politiques et de santé publique actuelles. Le but de cette étude est d'évaluer les pratiques soignantes recommandées dans l’accompagnement au sevrage tabagique de patients atteints de troubles mentaux afin de repérer les facteurs pouvant influencer ces soins.
METHODE : Un questionnaire informatisé a recueilli les pratiques des médecins, infirmiers et aide-soignants de l’hôpital psychiatrique de Poitiers. Les taux de dépistage, de conseil, d'évaluation, d'aide et de planification de l’accompagnement au sevrage tabagique, sont évaluées selon la méthode des 5A. Des tests non paramétriques sont réalisés afin d'identifier les freins aux interventions, en termes de compétence, de formation, de tabagisme actif, de représentations tabagiques personnelles ou de perception de soutien institutionnel.
RESULTATS : L'analyse porte sur 146 questionnaires complets. Les pratiques souvent réalisées de la méthode des 5A sont : Ask=67% ; Advise=23% ; Assess=29% ; Assist=34,5% ; Arrange=40%. Les interventions sont davantage réalisées par les soignants de sexe féminin (p= 0,036), formés (p<0,001), travaillant en addictologie (p<0,001), non-fumeur (p= 0,012), ayant du temps (p<0,001) et soutenus institutionnellement (p<0,001). En moyenne, seul 30% des soignants sont formés. La moitié des soignants non formés ne souhaitent pas l'être. Or, après ajustement, la formation (p=0,021) et le soutien institutionnel (p<0,001) sont les facteurs significativement associés à ces pratiques.
CONCLUSION : Un tiers des soignants rapportent ne pas réaliser les pratiques recommandées en dehors du dépistage. Le manque de soutien institutionnel et de formation sont les principales barrières identifiées à améliorer.