Voir le résumé
Introduction : L'évolution récente des nouvelles technologies de l'information et de la communication, notamment la téléexpertise, participe à pallier la disparité et la carence d'accès aux soins ophtalmologiques. Grâce à l'outil de téléexpertise, nous disposons de nouvelles opportunités pour assurer une continuité des soins ophtalmologiques sur notre territoire. L'implication d'acteurs paramédicaux, et notamment des orthoptistes, est notoire ; celle des médecins généralistes, semblant moins manifeste sur le terrain et également moins documentée dans la littérature scientifique, mérite d'être étudiée. L'objectif principal de ce travail est d'évaluer l'acceptabilité de l'utilisation d'un outil de téléexpertise ophtalmologique par des médecins généralistes exerçant sur le territoire de la CPTS (communauté professionnelle territoriale de santé) des Vallées du Clain.
Matériels et méthodes : Il s'agit d'une étude qualitative par entretiens individuels semi-dirigés réalisée auprès de 16 médecins généralistes exerçant sur le territoire de la CPTS des Vallées du Clain. Un codage axial, associé à une technique de triangulation, a été utilisé pour l'analyse des données.
Résultats : Les médecins généralistes interrogés ont, pour la majorité, une expérience d'utilisation de la téléexpertise. Cependant, l'ophtalmologie ne figure pas encore parmi les offres de téléexpertise dans le département de la Vienne. Les praticiens se questionnent et se montrent partagés au sujet de son utilisation dans ce domaine. D'un côté, elle pourrait notamment favoriser des avancées diagnostiques et thérapeutiques pour le patient, l'autoformation des médecins, éviter un encombrement inutile des services d'urgences et limiter les frais de santé. D'un autre côté, les médecins interrogés craignent de proposer une « médecine dégradée » à leurs patients et appréhendent, entre autres, les conséquences d'un manque d'efficience des plateformes dans leur pratique. Ils se questionnent également sur leur place parmi les acteurs de la santé visuelle. En outre, ils s'interrogent sur le matériel nécessaire et les frais associés. Enfin, échanger sur la pertinence et, le cas échéant, les conditions de mise en place d'une plateforme de téléexpertise ophtalmologique avec les ophtalmologues du secteur sont des points évoqués par plusieurs des médecins interrogés.
Conclusion : L'acceptabilité de l'utilisation d'une plateforme de téléexpertise ophtalmologique par les médecins généralistes interrogés varie. Plusieurs d'entre eux se montrent intéressés par les possibilités offertes par une telle interface de communication. La téléexpertise ophtalmologique est donc un outil prometteur mais dont les modalités restent à préciser avec les ophtalmologues du secteur.