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Les antidépresseurs sont des médicaments auxquels les pharmaciens d’officine sont fréquemment confrontés. Lors de la diminution ou de l’arrêt du traitement antidépresseur, un syndrome de sevrage aussi appelé, syndrome d’arrêt, d’interruption, d’abandon ou de discontinuation associé aux antidépresseurs peut survenir. Il s’agit de symptômes physiques et psychologiques de nature, d’intensité et de durée variable. Longtemps sous estimé et peu étudié, ce phénomène est de plus en plus documenté mais de nombreux points d’ombre subsistent.
L’enquête a pour objectif d’établir un état des connaissances des pharmaciens d’officine à propos du syndrome de sevrage aux antidépresseurs. Elle est observationnelle et descriptive. Elle comprend les réponses de 104 pharmaciens répartis sur 9 régions différentes avec la Nouvelle-Aquitaine, la Bourgogne-Franche-Comté, la Bretagne, la Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Occitanie, l’Auvergne-Rhône-Alpes, le Pays de la Loire, le Grand Est et l’Île-de-France. Le recueil des données a débuté le 23 mai 2023 et s’est achevé le 1er septembre 2023 à l’aide d’un questionnaire en ligne à caractère anonyme diffusé via les URPS majoritairement ainsi que par différents réseaux en ligne.
Plus de trois quarts affirment qu’un syndrome de sevrage peut apparaître lors de la diminution ou l’arrêt de l’antidépresseur et qu’il apparaît dans la semaine suivant, mais 40% ne savent pas si les symptômes persistent au maximum un mois. Une minorité de pharmacien a identifié tous les symptômes disponibles. Les plus cités sont l’insomnie, l’agressivité et les vertiges au détriment des sensations de décharge électrique et du syndrome pseudo-grippal. Environ un tiers ne savent pas quelle est l’étiologie du syndrome et plus d’un tiers quelle est son incidence. Plus de la moitié pensent qu’un patient éprouvant des difficultés à arrêter son antidépresseur relève de l’addiction et plus de 90% que la peur du syndrome peut être une entrave à l’arrêt du traitement. En majorité, les pharmaciens savent que la Paroxétine et la Venlafaxine exposent à plus de risque contrairement à l’estimation du risque concernant la l’Amitriptyline, la Fluoxétine, l’Agomélatine et la Mirtazapine et ne connaissent pas l’impact de la demi-vie. Les pharmaciens connaissent les principaux facteurs de risque ainsi que la conduite à tenir si les symptômes durent plus d’un mois ainsi que la possibilité d’adjonction d’une benzodiazépine en cas d’insomnie. En majorité, ils sont informés qu’il faut réduire la dose au minimum toutes les deux semaines mais ne savent pas comment fractionner la dose. Plus d’un tiers ne savent pas si un switch est recommandé en cas de difficulté et comment faire la distinction entre syndrome de sevrage aux antidépresseurs et rechute. Une majorité de pharmaciens estime leurs connaissances des antidépresseurs comme moyennes ou insuffisantes et encore moins pour son syndrome de sevrage.
Le syndrome de sevrage aux antidépresseurs n’est pas un phénomène rare, pouvant impacter sévèrement la vie des patients. Les pharmaciens d’officine possèdent une connaissance générale du sujet. Les questions portant sur les spécificités même du syndrome de sevrage aux antidépresseurs sont celles où les pharmaciens ont éprouvé le plus de difficultés. Il semble nécessaire un approfondissement sur le sujet, peut-être une formation initiale et continue, pour ancrer son rôle d’écoute et d’aide, mais qui ne pourra être correctement entrepris que par la réalisation de plus amples études concernant le syndrome et sa gestion.