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Contexte : La fréquence élevée des troubles mictionnels et ses complications directes chez les enfants d'âge scolaire (maternelle et élémentaire) en font un problème de santé publique majeur. Cette pathologie trouve principalement son origine dans les mauvaises habitudes d'hygiène mictionnelle incluant défaut d'hydratation et fréquentation inadaptée des sanitaires scolaires, dont les conditions dégradées ne sont plus à démontrer (vétusté, respect de l'intimité difficile, intimidation…). En revanche, peu d'études ont mis en évidence une association entre la fréquentation inadaptée des sanitaires, et la survenue de troubles mictionnels.
Méthodes : Réalisation d'une étude observationnelle descriptive et analytique transversale, du 1er octobre 2023 au 31 mars 2024 dans le département de la Vienne (France), par le biais d'un questionnaire électronique distribué aux parents d'enfants scolarisés en maternelle ou en élémentaire, interrogeant sur la santé urinaire de l'enfant, leurs comportements mictionnels, les caractéristiques des sanitaires de leur école et les différents freins à leur utilisation.
Résultats : Inclusion de 405 enfants, avec un taux de troubles mictionnels de 9,88%. 48,19% des élémentaires, et 18,18% des maternelles, ne fréquentaient pas suffisamment les sanitaires scolaires, avec une association significative entre la présence de freins à leur utilisation et la présence de troubles mictionnels (p<0,005). Étaient en cause notamment l'absence de système de fermeture des portes (p<0,005), des toilettes non adaptées à la taille des enfants (p<0,05), l'absence de papier hygiénique en quantité suffisante (p<0,01) ou encore l'absence de chauffage dans le bloc sanitaire (p<0,005).
Il existait également un lien significatif entre la présence de troubles mictionnels et le débordement par le jeu (p<0,05) dans le groupe élémentaire, ainsi qu'avec l'absence d'accès à une gourde d'eau (p =0,01). La présence de troubles mictionnels était également impactée par une acquisition tardive de la propreté urinaire diurne (p<0,005), par la présence d'une énurésie (p=0,005) ou bien par l'absence d'acquisition de la propreté urinaire nocturne (p<0,005). Chez les enfants présentant une encoprésie le taux de trouble mictionnel était de 37,5% contre 8,93% chez ceux continents pour les selles (p<0,05). Les manœuvres rétentionnelles étaient liées à un taux de trouble mictionnel significativement plus important (14,11% vs 3,73% p<0,005).
Conclusion : Cette étude confirme ainsi l'existence d'un impact significatif et majeur des conditions sanitaires scolaires sur les troubles mictionnels des enfants en âge maternelle et élémentaire, et donc la nécessité d'actions de prévention concernant la santé urinaire à l'école.