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Introduction : La dépression post-partum (DPP) est la complication post-partum la plus fréquente, affectant 10 à 20% des nouvelles mères. Les conséquences de la DPP sont importantes et incluent des effets négatifs à long terme pour l'enfant, la mère et l'environnement familial. La variabilité clinique et le manque de prévention compliquent souvent son diagnostic et sa prise en charge. D'autre part, les nausées et vomissements gravidiques (NVG) sont également des complications fréquentes de la grossesse, touchant environ 50 à 90 % des femmes enceintes, principalement au cours du premier trimestre, avec une grande variabilité allant de simples nausées à une forme plus sévère, l'hyperémèse gravidique (HG), affectant moins de 2,3% des femmes. Cette revue systématique vise à évaluer le lien entre les NVG et la DPP.
Méthode : La revue systématique a été réalisée conformément aux directives PRISMA, et le protocole de l'étude été préalablement enregistré auprès du Registre prospectif international des revues systématiques (PROSPERO), sous le numéro d'enregistrement CRD42024508214. Une recherche exhaustive dans six bases de données a été effectuée, avec une sélection en double aveugle, incluant différents types d'études examinant l'association entre NVG et DPP. La qualité des articles a été évaluée selon l'échelle NewCastle Ottawa.
Résultats : Sur les 355 articles initiaux, 17 ont été retenus pour analyse. Ces études, majoritairement de cohortes prospectives et rétrospectives, ont évalué des populations diversifiées à travers le monde. Les NVG semblent être liés à la DPP. Plus précisément, les NVG sévères, notamment en présence d'HG, et les NVG persistants au-delà du premier trimestre, semblent être des facteurs prédictifs de la DPP après ajustement pour divers facteurs de confusion. De plus, les femmes ayant des antécédents de troubles psychiatriques ou de DPP lors de grossesses antérieures semblent également présenter un risque accru. Cependant, une grande hétérogénéité des études rend difficile l'établissement de conclusions formelles. L'absence de définitions consensuelles des critères de diagnostic, l'absence d'outil standardisé d'évaluation des NVG et de la DPP, ainsi que des biais de rappel ont pu altérer les résultats. La relation entre les NVG et la DPP semble influencée par une combinaison d'aspects biologiques, psychologiques, sociaux, culturels et méthodologiques, rendant cette interaction complexe et multifactorielle. Par conséquent, des études supplémentaires sont nécessaires pour clarifier cette relation et pour déterminer les mécanismes sous-jacents.
Conclusion : Les données de la littérature suggèrent une association probable entre les NVG et la DPP, soulignant l'importance de surveiller attentivement les symptômes de NVG chez les femmes enceintes, en particulier si les NVG persistent anormalement ou s'ils sont sévères. Cette surveillance pourrait faciliter un diagnostic précoce et une gestion appropriée de la DPP, améliorant ainsi l'état de santé des mères et de leurs enfants.