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La prise en charge de la dysphorie de genre requiert les compétences et la collaboration multidisciplinaire de plusieurs professionnels de santé, qualifiés en santé transgenre. Les endocrinologues, psychiatres, psychologues, gynécologues spécialistes en fertilité, chirurgiens plasticiens, ORL et urologues se réunissent au cours de RCP pour décider de manière collégiale de la prise en charge adaptée à chaque demande. Avant l’initiation de l’hormonothérapie, le diagnostic de dysphorie de genre doit être posé par le psychiatre. Il se fonde sur un consensus clinique d’absence de diagnostic différenciel, et sur une cohérence entre le récit de vie du patient et les critères du DSM-5 et de la CIM-10. Ensuite, il faudra que l’équipe médicale étudie l’éligibilité du patient au traitement hormonal en fonction de la demande ; des bilans biologiques et cliniques seront effectués pour écarter toute contre-indication. De plus, les médecins de la reproduction sont amenés à informer les patients transgenres des techniques de préservation de la fertilité, réalisées de préférence avant l’initiation de l’hormonothérapie. Les chirurgies de réassignations ne sont pas faites par la majorité des personnes transgenres et sont seulement pratiquées par des équipes sur-spécialisées. D’ailleurs, la législation actuelle permet le changement de sexe à l’état civil sans opération de réassignation sexuelle et le changement de prénom peut se faire sur simple demande à la mairie.
Le déroulement du parcours de soins en France s’appuie sur les recommandations nationales et internationales, émises par des comités d’experts reconnus dans leur domaine (WPATH, Société Endocrinologique Américaine). Recommandations où le rôle du pharmacien est absent.
L’hormonothérapie aura pour but d’inhiber les caractéristiques sexuelles secondaires propre au sexe assigné à la naissance, et d’ajouter l’hormone principale du sexe désiré. Pour les hommes transgenres, ce traitement repose principalement sur des injections en IM à intervalle régulier d’énanthate de testostérone, chef de file des médicaments à base de testostérone. Concernant les femmes transgenres, la connaissance des EI graves de l’acétate de cyprotérone limite l’utilisation de cet anti-androgène autrefois largement employé. L’utilisation des analogues de la GnRH constitue une alternative efficace et leur prescription se démocratise dans les pratiques courantes. Ils sont associés à une administration d’oestrogènes qui sera faite à long terme (par voie transdermique de préférence) même après une éventuelle chirurgie.
La prise en charge de la dysphorie de genre à l’officine est une problématique dont le pharmacien veut se saisir. Pour preuve, l’enquête réalisée auprès des pharmaciens et des étudiants en pharmacie de la Vienne a permis de montrer que la profession était intéressée par cette prise en charge et qu’elle était demandeuse d’informations dans ce but. Ce travail permet de dégager différentes missions que peuvent tenir les pharmaciens : l’orientation et l’information des patients, les conseils associés à la délivrance des traitements, les conseils hygiéno-diététiques, la lutte contre la stigmatisation, la veille sanitaire et la prévention des risques.