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Introduction : L'Arythmie Complète par Fibrillation Auriculaire (ACFA) est le trouble du rythme le plus fréquent, et son incidence augmente avec l'âge. Elle est la première cause d'Accident Vasculaire Cérébral (AVC) d'origine cardioemboligène. De nombreux appareils connectés sont commercialisés et affirment pouvoir dépister l'ACFA. La Food Drug Administration (FDA) classe certains au niveau 2 (sur une classification de 1 à 3). L'ESC 2020 les inclut dans les démarches de dépistage.
Objectifs : l'objectif principal est d'évaluer les forces, les faiblesses et les problématiques soulevées mais aussi les perspectives d'avenir de ces appareils. L'objectif secondaire est d'appréhender la précision et la fiabilité de celles-ci.
Méthodes : Une revue systématique de la littérature soumis sur Prospero a été effectué de 2009 jusqu'au 24/06/2021 selon les recommandations PRISMA dans les bases de données suivantes : Embase, Pubmed, Cochrane library de 2009 jusqu'au 24/06/2021. Les études éligibles sont les études concernant une population adulte de plus de 18 ans, et abordant le cas du dépistage des troubles du rythme avec les appareils connectés. Chaque étude a été évaluée selon la grille d'évaluation adaptée (STARD, AMTAR, PRISMA, STROBE, CARE, CASP) permettant d'obtenir un score en pourcentage. Puis, les études ont été classées selon leur score, dans des tableaux synthétiques pour répondre aux objectifs de manière qualitative puis quantitative.
Résultats : Les appareils s'avèrent pratiques, faciles à utiliser, dotés de technologies en perpétuelle progression mais ils sont difficiles à utiliser pour les patients âgés. De nombreuses données sont non interprétables par la présence de plusieurs artefacts créés par les mouvements, la couleur de peau ou l'état vasculaire. Ces appareils possèdent une autonomie limitée et ne sont pas portés en continu. Il existe diverses problématiques soulevées comme les conflits d'intérêts avec les groupements industriels, le cadre juridique autour du devenir et de l'exploitation des données recueillies, l'absence de données précises sur le mode de fonctionnement, la divergence entre les sociétés savantes sur l'utilisation de ces appareils, ou encore le temps minimal d'ACFA nécessaire à une augmentation du risque d'AVC. A l'avenir, ils pourraient devenir une alternative non invasive aux techniques d'enregistrement par Implantable Cardiac Monitor (ICM) ou par holter ECG dans le dépistage des AVC cryptogéniques ou post electrocardioversion (ECV). La multiplication des fonctions intégrées permettra d'élargir leur utilisation à d'autres pathologies. Une fiabilité et une précision supérieure à 90% en hospitalier et en ambulatoire sont retrouvées dans la plupart des études.
Conclusion : Les appareils connectés présentent de nombreux avantages (praticité, accessibilité et possibilité d'augmentation du dépistage), mais aussi des inconvénients (un tiers de tracés non interprétés, autonomie de batterie limitée et artefacts trop nombreux). Des problématiques restent à régler comme la présence de conflits d'intérêt, la méconnaissance du fonctionnement des algorithmes, la gestion des données et l'augmentation de la pression sur le système de soins. Ces nouvelles technologies ouvrent la possibilité d'intervenir dans le cadre de l'AVC cryptogénique, ou post Electro Cardio Version (ECV), en devenant une alternative aux techniques d'enregistrement par ICM ou par holter ECG, mais aussi comme outil de premier recours, dans le dépistage de l'ACFA chez le sujet à risque ou pour la réalisation d'ECG en cabinet de médecine générale. L'utilisation conseillée est la réalisation de la fonction ECG 1D pour la qualité des tracés cependant la pertinence des algorithmes reste à évaluer en ambulatoire même si cela semble déjà prometteur. La fonction PPG seule semble limitée. L'avenir est à la multiplication des capteurs permettant d'élargir leurs domaines d'utilisation (glycémie, saturation d'oxygène, prise tensionnelle,…) pour devenir un objet de suivi et de dépistage en médecine générale.