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Introduction : les douleurs abdominales représentent un motif de consultation fréquent en médecine générale, et leur cause n'est pas toujours identifiée. Les antispasmodiques musculotropes sont souvent employés pour soulager ces douleurs, mais il existe des incertitudes sur leur efficacité. Etant donné le coût généré par ces prescriptions et l'intérêt pour la pratique en médecine générale, une revue de la littérature a été effectuée afin d'évaluer l'efficacité spécifique de ces molécules sur la douleur abdominale.
Méthodes : les bases PubMed, Clinical Trials et Cochrane Library ont été explorées jusqu'au 13 novembre 2015 avec les mots « alverine », « mebeverine », « papaverine », « phloroglucinol », « trimethylphloroglucinol », « pinaverium », et « trimebutine », associés à « randomized controlled trial » sur Cochrane. Les essais cliniques randomisés en double aveugle contre placebo, en anglais ou en français, évaluant l'efficacité des antispasmodiques sur la douleur abdominale ont été inclus. Les critères de jugement pour la méta-analyse étaient le nombre de répondeurs ou le score de douleur. La signification statistique a été fixée pour un risque alpha à 0,05.
Résultats : au total, 26 études sont ressorties de la littérature. Le pinavérium est clairement plus efficace que le placebo (RR: 1,69 (IC 1,32-2,18) ; p < 0,0001) avec 5 études méta-analysées. L'alvérine et la trimébutine sont plus efficaces que le placebo (respectivement RR : 1,29 (IC 1,07-1,56) ; p = 0,008 et RR : 1,35 (IC 1,08-1,70) ; p = 0,009) avec seulement 2 études méta-analysées pour chaque molécule. La papavérine, la mébévérine et le phloroglucinol n'ont pas fait la preuve de leur efficacité. La plupart des essais ont eu lieu dans le syndrome de l'intestin irritable.
Conclusion : seul le pinavérium a prouvé son efficacité dans le soulagement des douleurs abdominales avec un niveau de preuve correct. L'alvérine et la trimébutine semblent efficaces mais peuvent provoquer des effets indésirables graves. Les résultats sont à interpréter avec prudence du fait du petit nombre d'études recensées, de leur faible qualité méthodologique et de la modeste taille des échantillons. Afin de lever les incertitudes concernant ces thérapeutiques courantes, de nouveaux essais cliniques doivent être réalisés.