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Introduction : L'adalimumab est le 2ème anti-TNFα après l'infliximab utilisé dans le traitement de la rectocolite hémorragique (RCH). L'objectif de notre étude rétrospective a été d'évaluer la réponse clinique et la tolérance de l'adalimumab dans le traitement de la RCH d'activité modérée à sévère résistante aux traitements conventionnels.
Patients et Méthodes : Les patients suivis pour une RCH entre avril 2008 et juin 2017 ayant reçu au moins une injection d'adalimumab et ayant été suivis au moins 6 mois ont été inclus dans ce travail. Les malades colectomisés ont été exclus.
La réponse clinique a été définie par un nombre de selles ≤ à 3 par jour, l'absence de sang dans les selles et un sevrage en corticoïdes. Les patients ont été considérés répondeurs tant que le traitement par adalimumab était poursuivi, indépendamment des modifications posologiques.
Résultats : Cinquante et un patients (H 56,9%), d'âge moyen 34 ans (extrêmes : 14-66) atteints de RCH gauche (51%), pancolique (41,2%), évoluant depuis en moyenne 13,4 ans (DS 8,3 ans) ont été inclus ; 48 (94,1%) avaient reçu des thioguanines et 15 (29,4%) de l'infliximab. A l'inclusion, les patients recevaient des 5-ASA, des corticostéroïdes et des thioguanines dans respectivement 60,8%, 55,3% et 60,8% des cas. La co-prescription des thioguanines et de l'adalimumab a été maintenue au moins 2 mois chez 31 (60,8%) malades. Après le traitement d'induction (160/80 mg dans 60,8% des cas), 17 (41,5%) malades sur 41 ont eu une augmentation des doses d'adalimumab à 40 mg/semaine en traitement d'entretien. La réponse clinique a été respectivement de 64,7% et 49,0% à 6 et 12 mois. Au terme d'un suivi moyen de 24,8 mois (DS 26,8 mois), la réponse clinique s'est maintenue chez 35,3% des patients. Chez les 38 (74,5%) répondeurs primaires, la réponse clinique a été maintenue dans respectivement 65,8% et 47,4% des cas à 1 et 5 ans. Aucun des facteurs suivants (score Mayo, score UCEIS, siège, ancienneté, naïf d'anti-TNFα, co-prescription de 5-ASA et/ou de thioguanines, adalimumabémie) n'était prédictif de la réponse à l'adalimumab.
Parmi les effets indésirables observés dans 13,7% des cas, le plus fréquent a été le psoriasis (9,8%). Aucune infection grave, aucun cancer ou décès n'a été observé au cours du suivi.
Conclusion : Notre travail confirme l'efficacité et la bonne tolérance de l'adalimumab dans le traitement de la RCH. Nos résultats suggèrent que la posologie proposée dans l'AMM de l'adalimumab n'est pas optimale. Le bénéfice de la co-prescription des thioguanines, en particulier chez les malades qui n'y ont pas répondu en monothérapie, reste à déterminer.