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Introduction : Les atteintes microcristallines rachidiennes ne sont pas aussi bien connues que les atteintes articulaires. Elles peuvent parfois mimer des atteintes infectieuses avec un aspect de spondylodiscite. En l'absence de preuve bactériologique, il est difficile de les différencier. Cela peut rallonger le délai diagnostique et expose les patients à des examens invasifs parfois répétés. Nous avons tenté de décrire les caractéristiques de ces spondylodiscites retenues comme microcristallines et de déterminer s'il existe un ou plusieurs paramètres permettant de guider plus rapidement le diagnostic.
Matériel et méthodes : Cette étude est observationnelle et rétrospective. Nous avons sélectionné tous les patients adultes ayant été hospitalisés en Rhumatologie et en Maladies Infectieuses au CHU de Poitiers de Janvier 2014 à Décembre 2018 pour spondylodiscite et/ou pathologie microcristalline. Seuls les patients ayant eu un diagnostic de spondylodiscite confirmée ont été inclus. Ce qui représente au total 113 patients, séparés en deux groupes, un groupe de 100 spondylodiscites infectieuses (SI) et un groupe de 13 spondylodiscites microcristallines (SMC).
Résultats : Les patients des deux groupes étaient âgés (en moyenne 67,8 ans pour les SI, 71,6 ans pour les SCM), avec des comorbidités cardio-vasculaires. Sur le plan clinique, les patients ayant eu une SMC ont présenté moins de fièvre avec des températures moins élevées. Ils avaient un syndrome inflammatoire important mais en moyenne moins marqué avec un taux de CRP initial plus faible (52,08 mg/L contre 135,23 mg/L p 0,002) et un taux maximum pendant l'hospitalisation également plus faible (117,15 mg/L contre 189,44 mg/L, p 0,054). La présence de calcifications rachidiennes visibles au scanner au niveau de la lésion était déterminante pour le diagnostic (58,3% des patients du groupe SMC ayant eu un scanner contre seulement 10,3% dans le groupe SI, p <0,001). Toutes les SMC étaient unifocales, majoritairement lombaires (38,5%) et lombo-sacrées (23,1%). Il n'y avait pas de différence significative concernant l'importance des érosions osseuses, les complications neurologiques ou douloureuses, ni la mortalité. Pour les SMC, les délais entre l'apparition des symptômes et la prise en charge des patients étaient beaucoup plus longs que pour les SI. L'hospitalisation survenait 68 jours après le début des symptômes contre 27 jours pour les SI (p 0,005) et la réalisation de l'imagerie diagnostique avec un délai deux fois plus long pour les SMC que pour les SI (p 0,013). Les diagnostics de SMC ont été posés devant un faisceau d'arguments cliniques et d'imagerie ; la recherche de microcristaux sur les prélèvements de PBDV n'avait en règle générale pas été effectuée.
Conclusion : Les SMC sont rares mais peuvent mimer des atteintes infectieuses, il est donc important de les rechercher lorsque le bilan bactériologique est négatif. En complément de l'IRM, le scanner est indispensable pour la détection de calcifications qui pourront orienter le diagnostic. La recherche systématique de cristaux sur la PBDV est également nécessaire. La poursuite de cette étude avec des effectifs plus importants et une démarche prospective sera nécessaire pour une meilleure analyse de cette pathologie.