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Introduction : L'approche thérapeutique du rhumatisme psoriasique (RP) est en pleine évolution avec l'arrivée des nouvelles classes venues enrichir l'arsenal des anti-TNFα chez les patients en échec de traitement de fond conventionnel. Deux biothérapie anti-interleukines, l'ustékinumab et le secukinumab et un traitement ciblé, inhibiteur de la phosphodiestérase 4, l'apremilast. Bien que largement prescrit en pratique quotidienne, il existe peu de données de « vrai vie » de la survie thérapeutique des anti-TNFα dans le RP et aucune encore concernant les nouvelles molécules. L'objectif de cette étude était d'évaluer leur utilisation au travers de leur maintien thérapeutique en 1ère ligne, dans le RP naïf de biologique et après rotation ou changement de cytokine cibles, ainsi que l'analyse de leurs principales causes d'arrêt.
Matériels et méthodes : L'étude était bicentrique, rétrospective, observationnelle, incluant les patients suivis pour un RP périphérique entre janvier 2008 et mai 2018, en échec de traitement de fond conventionnel, ayant bénéficié d'au moins une biothérapie ou apremilast depuis 6 mois. Après une évaluation descriptive des pratiques, le taux de maintien thérapeutique à 6mois, 1, 2, 3 et 5 ans a été analysé pour les 1ère, 2ème et 3ème lignes à l'aide des courbes de survie établies par la méthode de Kaplan-Meier et comparé par le test du log-rank. Les différents motifs d'arrêts ont été analysés ainsi que leur délais de survenu. Enfin les facteurs prédictifs de maintenance thérapeutique de la 1ère ligne ont été étudiés.
Résultats : 133 patients ont été inclus, permettant l'analyse de 299 prescriptions. Une 1ère ligne (etanercept 46%, adalimumab 29%, infliximab 19%, secukinumab 3%, autre 3%) était prescrite après l'échec d'1.58 csDMARD en moyenne. Il y avait une majorité de femmes (52.6%), l'âge moyen était de 44.1ans, et la durée moyenne d'évolution du RP de 5.3 ans. Le taux de maintien de la 1ère ligne à 6 mois était de 82.4%, à 1 an de 70.7%, à 2 ans de 52.8%, à 3 ans de 38.8% et à 5 ans de 26.7%, avec une médiane de survie à 26.7 mois. Entre anticorps monoclonaux la survie de l'adalimumab était meilleure que celle de l'infliximab (p=0.031). Il n'y avait pas d'intérêt à une coprescription de csDMARD, mais le sexe masculin et la durée d'évolution du rhumatisme étaient des facteurs prédictifs en analyse multivariée d'une meilleure survie. 76 patients ont bénéficiés d'une 2ème ligne avec un maintien sur 10 ans significativement moins bon que la 1ère ligne (p=0.009). Les taux de survie à 6 mois, 1, 2, 3 et 5 ans étaient respectivement de 63.5%, 44.8%, 39.3%, 25.3% et 20.2%, sans différence entre l'etanercept et l'adalimumab les 2 anti-TNFα les plus prescrits (71% des patients). La médiane de survie était de 11.9 mois. 46 patients ont reçu une 3ème ligne sans différence de survie avec la 2ème ligne témoignant de l'intérêt d'une 2ème rotation. Concernant les nouvelles molécules, toutes lignes confondues le maintien thérapeutique du sécukinumab était meilleur que celui de l'ustékinumab (p=0.014) avec un taux de survie comparable à celui des anti-TNFα de 78.3% à 6 mois, 65.7% à 1 an et 32.9% à 2 ans contre 46.8%, 23.4% et 15.6%. Les données de tolérance pour les différents agents étaient rassurantes et superposables à celles de la littérature. Les effets secondaires liés à l'infliximab arrivaient le tôt.
Conclusion : Notre étude de « vrai vie » soutient l'intérêt des biothérapies et de leurs rotations dans le traitement du RP naïf de biologique avec un taux de maintien thérapeutique satisfaisant pour au moins les 3 premières lignes, associé à une bonne tolérance. Les nouvelles molécules anti IL17 et anti IL12/23 restent peu prescrites, mais la persistance du secukinumab est encourageante.