Voir le résumé
Les applications de reconnaissance des champignons sont aujourd’hui en plein essor, et ce malgré l’avis des experts qui les considèrent comme dangereuses pour leurs utilisateurs, et appellent à la méfiance. Mais qu’en est-il véritablement ? Quel est le niveau de fiabilité de ces applications ? Peuvent-elles avoir un quelconque intérêt ? Quid de la position du pharmacien face à leur utilisation ?
Pour répondre à ces questions, nous avons réalisé une étude en plaçant trois de ces applications, dans des conditions qu’on qualifiera d’« optimales », face à une sélection de cent espèces de champignons communes en France métropolitaine ou dignes d’intérêt de par leur comestibilité ou, au contraire, leur toxicité et leur risque de confusion avec des espèces recherchées. Nous avons ensuite confronté la « meilleure » de ces trois applications à des conditions moins idéales, qualifiées « du cueilleur amateur ».
Ainsi, il nous a été possible de déterminer avec certitude, et chiffres à la clé, la non fiabilité réelle de ces applications et leur potentielle dangerosité pour l’utilisateur. Toutes ont montré leurs limites dans un domaine où l’erreur n’est pas acceptée (une erreur peut être létale).
En France, on dénombre chaque année plus d’un millier d’intoxications par les champignons, et si toutes ne sont évidemment pas imputables à l’utilisation d’une application de reconnaissance, certaines le sont.
Face à ce problème de santé publique, le pharmacien a un rôle prépondérant. Un rôle de conseil en premier lieu : transmettre les recommandations, pousser aux bonnes pratiques (respect des règles élémentaires de cueillette avant, pendant et après), savoir reconnaître une intoxication et y réagir correctement. Un rôle d’identificateur dans un second temps : c’est lui (ou une association mycologique) qui est en mesure de valider ou d’invalider une cueillette. Il lui est donc nécessaire de réactualiser fréquemment ses connaissances mycologiques, incitant ainsi ses patients à venir le consulter lui plutôt qu’à utiliser des canaux secondaires comme peuvent l’être les applications de reconnaissance.
Attention, les comestibilités indiquées dans cette thèse restent susceptibles d’évoluer à l’avenir grâce aux progrès en médecine et en toxicologie. Rappelons l’exemple de Tricholoma equestre, espèce mortelle et pourtant encore réputée comme comestible il y a une vingtaine d’années.