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Au milieu du XXè siècle, on observe l’arrivée de nouveaux médicaments : les antibiotiques. Il ne faudra qu’une dizaine d’années avant de voir apparaître les premières résistances.
L’antibiorésistance est un réel problème de santé publique dans le monde. Elle est définie par l’inefficacité du traitement antibiotique sur l’infection bactérienne ciblée, et consiste en la capacité d’un microorganisme à résister aux antibiotiques. La sélection naturelle a dotée les bactéries de mécanismes de résistance aux stress extérieurs, ainsi qu’à certaines molécules. Il existe plusieurs niveaux de résistance, naturelle ou acquise, qui mènent à l’apparition de bactéries ultra résistantes, ce qui limite les options de traitement efficace des infections bactériennes. Ce phénomène, due en grande partie à un mauvais usage des antibiotiques est en pleine expansion, malgré les nombreuses actions mises en place par les pouvoirs publiques. La France, grande consommatrice d’antibiotiques (30% supérieure à la moyenne européenne), a lancé une campagne de sensibilisation en 2002, « Les antibiotiques, c’est pas automatique ». Aujourd’hui, les souches résistantes se propagent facilement de par la mondialisation et la facilité des échanges dans le monde. L’action doit donc être menée de manière globale dans le monde entier. Il est urgent de développer de nouveaux agents antibactériens et des stratégies pour combattre la résistance et promouvoir une utilisation responsable des antibiotiques.
Les grands pathogènes, que l’on pensait éradiqués, ont également évolués et sont aujourd’hui en pleine recrudescence. La tuberculose, « maladie de pauvreté », est en pleine expansion et a fait son grand retour dans le monde occidental. Mycobacterium tuberculosis, le bacille tuberculeux, a évolué et est devenu résistant aux traitements traditionnels. On estime aujourd’hui qu’un tiers de la population mondiale est porteuse du bacille tuberculeux. C’est l’une des 10 premières causes de mortalité dans le monde. En 2020, on estime que plus de 10 millions de personnes ont contracté la maladie, et 1,5 millions de personnes en sont mortes, dont 250 000 enfants. La tuberculose multi résistante est devenue une menace pour la sécurité sanitaire.
En cause également dans l’apparition de résistance, l’absence d’innovation et de développement de nouveaux antibiotiques. L’industrie pharmaceutique, faute de retour sur investissement, n’a pas engagé de recherches en ce sens. En effet, la prise en charge de la tuberculose est longue et coûteuse, cela implique de nombreuses molécules, une durée de traitement longue et de fréquents effets indésirables. Aujourd’hui, plusieurs médicaments prometteurs sont en développement. Le DetylbaTM, delamanide, a été développé et a obtenu une autorisation de mise sur le marché conditionnelle en Europe pour le traitement de la tuberculose pulmonaire multirésistante, en association à d’autres antituberculeux. Compte tenu du bénéfice thérapeutique important que ce médicament peut apporter aux patients, il était nécessaire de permettre sa mise à disposition le plus rapidement possible en utilisant divers processus réglementaires.
Cette thèse présente l’impact de l’antibiorésistance : de la découverte des antibiotiques à l’apparition de résistances, l’enjeu du traitement de la tuberculose et les différentes possibilités pour faciliter l’accès à une innovation thérapeutique.