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Contexte : Le syndrome d'apnées du sommeil positionnel (SASp) est une entité particulière tirée du syndrome d'apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS). Les patients ayant un SASp semblent avoir des caractéristiques anthropomorphologiques et polysomnographiques différentes des patients ayant un SAHOS. En revanche, leur pronostic, notamment cardio-vasculaire, reste à être élucidé.
But de l'étude : Comparer la présence d'un retentissement cardio-vasculaire et métabolique chez des patients porteurs d'un SASp (index d'apnées-hypopnées -IAH- global et sur le dos supérieurs à 10/h, et IAH dans les autres positions inférieur à 10/h) et chez des patients considérés normaux (IAH global inférieur à 10/h) mais ayant une composante positionnelle (IAH sur le dos supérieur à 10/h et inférieur à 10/h dans les autres positions) par rapport à des sujets normaux.
Matériel et méthodes : étude de cohorte historique portant sur 336 patients ayant bénéficiés d'un enregistrement polysomnographique entre 2005 et 2007, qui ont été contactés par téléphone pour répondre à un questionnaire spécifique.
Résultats : Le délai moyen entre l'examen polysomnographique et l'appel téléphonique était de 75,9 ± 8 mois. Les données de 240 patients ont pu être recueillies. Nous les avons répartis dans 4 groupes : « normaux-normaux » (NN) : 76 sujets (31,7%), « normaux-positionnels » (NP) : 33 (13,7%), « positionnels purs avec IAH global inférieur à 30/h » (PP IAH<30) : 75 (31,3%) et « positionnels purs avec IAH global supérieur ou égal à 30/h (PP IAH≥30) : 56 (23,3%). Au moment de la polysomnographie, la prévalence de l'HTA n'était pas identique entre chaque groupe (p<0,001). Elle était la plus élevée pour le groupe PP IAH≥30 à 57,1% vs 22,4% (groupe NN), vs 21,1% (groupe NP), vs 29,3% (groupe PP IAH<30). Aucun trouble métabolique ne prédominait dans un groupe particulier (diabète : p=0,065, dyslipidémie : p=0,321). Au moment de l'enquête, l'HTA est restée la seule complication cardio-vasculaire significativement plus importante dans le groupe PP IAH≥30 (p<0,0001) ; groupe PP IAH≥30 : 69,6% vs 27,6% (groupe NN), vs 43,7% (groupe NP), vs 41,3% (groupe PP IAH<30). La prévalence du diabète est devenue notable (p=0,003) pour les groupes NP (21,9%) et PP IAH≥30 (26,8%). Il y a eu 13 décès sans différence de répartition entre les quatre groupes (p=0,83). Les principales causes de décès étaient l'infarctus du myocarde (n=3) et l'étiologie néoplasique ou hémopathie maligne (n=3). Les patients du groupe PP IAH≥30 traités par pression positive continue (n= 33) n'ont pas évolué de manière différente sur le plan cardio-vasculaire (p=1,00) ou métabolique (p=0,39) par rapport aux patients non traités (n=23). En revanche, ils avaient une propension à aggraver leur surpoids. Les patients NP partageaient plusieurs caractéristiques initiales et évolutives avec le groupe PP IAH<30.
Conclusion : Notre travail a permis une caractérisation plus fine du syndrome d'apnées du sommeil positionnel en précisant ses particularités cliniques, polysomnographiques et pronostiques, en insistant plus spécifiquement sur l'importance des co-morbidités cardio-vasculaires et métaboliques associées à cette pathologie.