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Introduction. Les gammapathies monoclonales sont un groupe de maladies caractérisées par la prolifération médullaire de plasmocytes tumoraux et au sein desquelles il existe un continuum évolutif qui s'étend d'un stade précancéreux ou MGUS (monoclonal gammopathy of undetermined signifiance) au stade cancer ou myélome multiple (MM). Dans cette étude nous rapportons les résultats concernant deux populations lymphocytaires T innées : les lymphocytes iNKT et les lymphocyte T (LT) CD8+ innés.
Matériel et méthode. Ce travail porte sur 33 patients : 9 MGUS, 8 MM au diagnostic (NDMM), 8 MM en rechute, 8 patients en réponse complète (ou RC) et 18 donneurs sains (DS). Nos populations sont identifiées après immunomarquage et analyse en cytométrie en flux.
Résultats. L'âge médian de la cohorte est de 65 ans (41 – 90) avec un sexe ratio H/F à 1,2. Concernant les lymphocytes iNKT, leur fréquence a tendance à diminuer dans tous les sous-groupes de gammapathies monoclonales, dès le stade MGUS. D'autre part, la proportion de lymphocytes iNKT double négatif (DN) semble également diminuée dans les sous-groupes MGUS (29,97 ± 7,58% ; p=0,0072), NDMM (45,99 ± 7,82%), rechute (42,6 ± 6,52%) et RC (38,08 ± 7,65% ; p=0,0921) par rapport au groupe DS (67,9 ± 5,55%). S'agissant des lymphocytes T CD8+ innés, nous observons, dans les sous-groupes MGUS et NDMM, une augmentation de leur fréquence (respectivement 14,59 ± 3,11% ; p=0,0517 et 15,22 ± 2,43% ; p=0,0168)) par rapport aux DS (5,51 ± 1,24%). Au sein de ces mêmes sous-groupes, il semble que la proportion de LT CD8+ innés exprimant le phénotype mémoire EMRA (CD45RA+ CCR7- CD57+) soit augmentée (respectivement 66,72 ± 5,71% et 65,47 ± 8,72%) en comparaison avec les DS (48,53 ± 4,99%). Parallèlement, nous observons une diminution des LT CD8+ naïfs en cas de NDMM (20,63 ± 4,29%), de rechute (17,04 ± 5,61%) et de RC (8,25 ± 4,35%) par rapport au MGUS (35,95 ± 5,33%) et aux DS.
Conclusion. En cas de gammapathie monoclonale, les lymphocytes iNKT semblent altérés sur le plan quantitatif et phénotypique avec en particulier une perte partielle du compartiment DN. S'agissant des LT CD8+ innés, ils ont tendance à être augmentés en cas de MGUS et de NDMM sans déficit fonctionnel. Ces anomalies semblent s'inscrire dans une reprogrammation globale des LT CD8+ mémoires aux dépens des LT naïfs.