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Le dopage est encore présent aujourd’hui en France. C’est un phénomène complexe et controversé touchant toutes les catégories de sportifs. Toutes les substances ou procédés pouvant améliorer les performances, lutter contre la fatigue, diminuer les douleurs physiques, augmenter la masse musculaire, accélérer la récupération, etc… sont recherchées par les sportifs. Ce recours à différentes aides n’est pas anodin et expose le consommateur à des risques pour sa santé. La liste des substances utilisées ne peut être exhaustives, même si la liste officielle internationale des substances interdites évolue chaque année, en incluant petit à petit les nouveautés émergentes. De plus en plus de médicaments sont détournés de leur usage principal afin d’être utilisés dans ces indications. La pharmacie officinale est donc maillon central, pouvant contribuer à la prévention du dopage.
Une enquête a été effectuée dans la vienne, à Poitiers afin de récolter des données permettant d’avoir un état des lieux des pratiques effectuées.
Sur les 184 réponses obtenues, 105 des participants ont indiqué consommer au moins 1 des substances citées lors du questionnaires soit 57,1% des sportifs interrogés. Différents paramètres influencent la consommation des diverses substances chez les sportifs (âge, sexe, catégorie socio-professionnelle). Les amateurs au même titre que les sportifs de haut niveau et professionnel ont recours à l’utilisation de produits dans leur pratique sportive, ce sont les substances qui vont différer. Les vitamines, protéines et compléments alimentaires sont les 3 catégories de produits majoritairement recensées. Les classes médicamenteuses citées par ordre croissant sont : les anti-inflammatoires, les antalgiques, les corticoïdes, les opiacés, les diurétiques, béta 2 agonistes, les anabolisants et les facteurs hormonaux. L’alcool est la première drogue consommée par les sportifs suivie par les cannabinoïdes et les stimulants divers. Les produits sont pris majoritairement par accumulation.
La pharmacie reste le premier endroit où les sportifs vont se fournir en produits. On soulignera que les professionnels de santé ne sont pas les personnes ayant initié la prise de substances. Ils sont devancés par les pairs, coachs, l’entourage, et internet. La majorité des sportifs n’ont jamais parlé avec un professionnel de santé des potentiels risques pour leur santé de leur conduite. Les sportifs interrogés connaissent les risques potentiels de prise de substance et les effets indésirables possibles mais méconnaissent : les définitions des termes dopage et addiction, le potentiel addictif ou non des substances et les listes officielles des substances dopantes. Beaucoup de confusions restent encore présentes entre l’aspect légal d’une substance, le fait qu’elle puisse être disponible à l’achat sur internet ou en pharmacie, et son potentiel dopant.
Le pharmacien officinal a plusieurs fonctions auprès des patients sportifs. Il devra mettre en place des moyens pour que ceux-ci se fassent connaitre auprès de l’équipe officinale afin de pouvoir engager un dialogue avec eux. Il va avoir un rôle de prévention et d’éducation thérapeutique du patient, leur fournit les conseils appropriés et les inclue activement dans leurs choix. La prévention va permettre au patient sportif d’avoir les informations nécessaires afin d’être autonome lorsqu’un traitement lui est proposé que celui-ci soit un médicament prescrit, un médicament à prescription médicale facultative ou un complément alimentaire. Le patient doit acquérir les connaissances pharmacologiques, législatives et éthiques lui permettant de le responsabiliser dans sa prise médicamenteuse.
Le pharmacien officinal ne pourra cependant pas effectuer la totalité de la prise en charge. Il devra savoir orienter, passer le relais à des structures, informer le sportif sur la présence de réseau d’écoute et des sites de ressources. Les partenariats vont donc être essentiels dans l’action menée.