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Introduction : Les troubles du sommeil et le syndrome d'apnée du sommeil (SAS) semblent fréquents dans la sclérodermie systémique (ScS) et altèrent la qualité de vie de ces patients. Toutefois les données restent pauvres et le plus souvent basées sur des autoquestionnaires. Cette étude avait pour objectif principal de caractériser les altérations du sommeil en polysomnographie dans une cohorte de patients sclérodermiques. Les objectifs secondaires étaient d'évaluer la fréquence du SAS, son impact sur la qualité de vie et les facteurs cliniques associés.
Méthodes : Trente-et-un patients sclérodermiques ayant eu une polysomnographie au centre hospitalo-universitaire de Poitiers (Poitiers, France) entre juin 2018 et mars 2021 ont été rétrospectivement inclus. Le jour de la polysomnographie, les patients répondaient à 12 auto-questionnaires : Le Short-Form 36 (SF-36), l'index de qualité du sommeil de Pittsburgh (PSQI), le FACIT-fatigue, les questionnaires Hospital Anxiety and Depression (HAD), l'EQ5D, le Scleroderma Health Assessment Questionnaire (SSc-HAQ), l'échelle de la main de Cochin (CHFS), l'échelle de Bouche (MHISS), l'Urological Distress Inventory (UDI-6), l'UCLA SCTC GIT 2.0, l'échelle de somnolence d'Epworth et le score de sévérité du syndrome des jambes sans repos (IRLS). Les caractéristiques démographiques et cliniques des patients étaient recueillies à partir des dossiers médicaux.
Résultats : Dix-sept (54.8%) déclaraient une mauvaise qualité de sommeil indiquée par un PSQI≥6. Dix-neuf (61,3 %) avaient une réduction de l'efficacité du sommeil, 25 (80,7%) avaient une augmentation de la phase N1, 17 (55%) et 16 (51,6%) une durée anormale des phases N2 et N3, respectivement. Vingt-et-un (67,7%) présentaient un SAS dont 18 (58.1%) sans antécédent connu de SAS. Aucune association du SAS avec des facteurs cliniques généraux ou associés à la ScS n'était retrouvée en analyse multivariée. Les patients avec un SAS avaient une augmentation de la phase N1, une diminution de la phase N3 et plus de microéveils. La présence d'un SAS n'avait pas d'impact sur les scores de qualité de vie ou de sommeil.
Conclusion : Les altérations du sommeil et le SAS semblent fréquents dans la ScS, sans facteur clinique associé clairement identifié. Des études complémentaires de plus grand effectif et incluant un groupe contrôle apparié sont nécessaires afin de confirmer ces données et d'identifier de potentiels facteurs cliniques associés.