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Introduction : Le malaise et la syncope de l'enfant sont des motifs de consultation fréquents en médecine générale et à l'hôpital. Ils représentent 3 % des consultations pédiatriques aux urgences. Les causes sont multiples ; la majorité n'est pas grave. Peu d'études concernent leurs prises en charge dans un contexte d'effort. Le risque de mort subite doit faire éliminer une origine cardiaque potentiellement mortelle, telle une cardiopathie obstructive ou un trouble du rythme. La démarche diagnostique repose essentiellement sur un interrogatoire détaillé, un examen clinique complet et des examens complémentaires orientés. Un protocole de soins a été élaboré pour guider ces démarches, optimiser la prise en charge et réduire les coûts inutiles.
Objectifs : Renseigner le nombre et la gravité des consultations des enfants vus pour un motif de malaise ou de syncope à l'effort.
Évaluer la prise en charge médicale de ces mêmes patients et la confronter aux recommandations officielles.
Méthode : Une étude rétrospective a été menée au sein des Urgences Pédiatriques du CHU de Poitiers du 1er janvier 2008 au 31 décembre 2013. Le recueil des données s'est fait grâce au logiciel « Résurgence » des Urgences Pédiatriques. Les dossiers sélectionnés répondaient au codage « Malaise » ou « Syncope ». Les enfants avaient entre 6 ans et 15 ans 3 mois. Sur 940 dossiers, 111 patients consultant pour un malaise ou une syncope à l'effort (ou immédiatement après l'effort) ont été inclus. Les enfants étaient aussi bien admis en journée qu'en garde.
Résultat : Il y a eu à l'effort 31 syncopes (28%) et 80 malaises (72%). Le centre 15 a transféré 36 enfants (32,43%) ; 8 (7,2%) venaient d'un autre centre hospitalier. Le mode de transfert n'est pas renseigné dans 52,25% des cas. Dans 49 dossiers (44%), il ne figure pas de nom du sénior référent. L'interrogatoire est incomplet pour les antécédents personnels et familiaux cardiologiques et de mort subite (respectivement dans 10,8%, 71,17% et 76,57%). Les constantes (tension artérielle, fréquences cardiaques et respiratoires, température, saturation en oxygène et évaluation neurologique) ont été prises dans 98,2 % des cas (n=109). La glycémie capillaire a été mesurée chez 82 enfants (74%) ; mais à distance du malaise. Les signes cliniques cardiologiques et neurologiques sont présents dans 8 (7,2%) et 14 patients (12,61%). L'ECG a été réalisé pour 104 enfants (93,69%) ; 3 étaient anormaux (une suspicion de syndrome de Brugada, une hypertrophie ventriculaire gauche et un avec des extrasystoles). Les enzymes cardiaques, toutes négatives, ont été dosées chez moins d'1/3 des enfants. Les NFS n'ont apporté aucune information. Elles auraient pu être évitées avec un examen clinique plus détaillé. Vingt-cinq enfants (22,5%) ont été hospitalisés dont un en Unité de Soins Continus. Une minorité d'enfants ont eu des prescriptions d'examens de suivi cardiologique (échographie : 15,31%, épreuve d'effort : 9,9%, holter-ECG : 5,4%).
Conclusion : Les malaises et les syncopes à l'effort de l'enfant nécessitent une attention rigoureuse et spécialisée. Nous proposons un protocole de soins pour les Urgences Pédiatriques afin d'optimiser leurs prises en charge. Afin de réduire leurs nombres et leurs coûts, des mesures de dépistage, de prévention et d'éducation thérapeutique seraient à développer en médecine générale.