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Introduction :
Devant la progression des taux de bactéries multi-résistantes (BMR) et l'absence de nouveaux antibiotiques, l'épargne des antibiotiques devient un enjeu de santé publique majeur. La pneumonie aiguë communautaire (PAC) est une infection fréquente à laquelle les urgentistes sont régulièrement confrontés. Les recommandations de la société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) recommandent pour les patients hospitalisés pour PAC non graves, et présentant une comorbidité et/ou un âge supérieur à 65 ans, l'utilisation soit de l'amoxicilline-acide clavulanique, soit d'une céphalosporine de troisième génération (C3G), soit d'une fluoroquinolone anti-pneumococcique (FQAP). Le choix de cette antibiothérapie probabiliste étant laissé à l'appréciation du prescripteur.
Objectifs :
L'objectif principal de notre étude était de déterminer la proportion de patients hospitalisés pour PAC, et pour lesquels une antibiothérapie par C3G ou FQAP était instaurée aux urgences. L'objectif secondaire était une revue de pertinence de ces prescriptions, déterminant une part évitable de celles-ci.
Méthodes :
Etude rétrospective, observationnelle, aux urgences du CHU de Poitiers de janvier 2013 à décembre 2013.
Résultats :
114 patients ont été inclus parmi les 168 tirés au sort. Avec 47 patients traités par C3G et 7 traités par FQAP celles-ci représentaient respectivement les deuxième (41,2% [32,8% - 49,7%]) et troisième classes (6,1% [2,0% - 10,2%]) d'antibiotiques les plus prescrites. Parmi ces prescriptions 68,1% ([54,8% - 81,4%]) des prescriptions de C3G et 71,4% des FQAP étaient évitables selon nos critères restrictifs de prescriptions. Le remplissage vasculaire était un facteur de prescription de C3G (OR 8,6 [1,7 - 85,3], p=0,003) et de FQAP (OR 7,9 [1,0 - 55,3], p=0,025). L'évaluation des prescriptions au septième jour (J7) montrait que 44,7% des C3G et 28,6% FQAP étaient poursuivies. Parmi les prescriptions de C3G poursuivies, 52,4% étaient des prescriptions évitables.
Conclusion :
Les C3G et FQAP sont donc fréquemment prescrites dans les PAC et une part importante de ces prescriptions est évitable.