Voir le résumé
Introduction : L'hypertrophie mammaire est une caractéristique courante dans nos populations. Son retentissement est souvent multiple. Il touche aussi bien la sphère physique que la sphère psychologique. Aujourd'hui, peu d'études ont essayé de corréler l'amélioration des symptômes mammaires, principalement les dorsalgies, par rapport à la morphologie de chaque patientes. Le but de cette étude est de rechercher l'existence d'une corrélation entre le poids de résection mammaire nécessaire pour soulager les dorsalgies et l'Indice de Masse Corporelle chez les patientes ayant bénéficié d'une chirurgie de réduction mammaire.
Matériels et méthodes : Il s'agit d'une étude de cohorte prospective descriptive multicentrique non randomisée réalisée conjointement entre le CHU de Poitiers et du CHRU de Nîmes de Novembre 2016 à Juillet 2017. Les femmes âgées de plus de 18 ans consultant dans le service de chirurgie plastique des CHU de Poitiers et Nîmes pour une chirurgie de réduction mammaire étaient incluses. Le critère de jugement principal était la mesure du poids de résection mammaire nécessaire pour soulager les dorsalgies en fonction de l'Indice de Masse Corporelle (IMC). La douleur était évaluée par le questionnaire INDIC; la satisfaction, l'évolution psychosociale et sexuelle étaient évaluées par le questionnaire BREAST-Q modifié ; l'évolution de l'IMC était évaluée par des mesures répétées à J0, J7, J30, J90 et J180.
Résultats : 41 patientes âgées en moyenne de 42,1 ans et avec un IMC moyen de 28,1 étaient incluses. La durée moyenne entre deux consultations était de 147,4 jours. L'amélioration des dorsalgies via l'INDIC était significative chez les non-obèses (p=0,001) a contrario des obèses (p=0,777). Les patientes obèses présentent de nombreux risques : augmentation de l'IMC postopératoire significatif (p=0,005), pas d'amélioration significative du bien-être physique (p=0,006), psychosocial (p=0,006), sexuel (p=0,014) ; a contrario des patientes non-obèses (p<0,001). L'estimation de la résection mammaire nécessaire à l'amélioration d'au moins 50% de l'INDIC en fonction de l'IMC suit un rapport de 38,7 g/kg/m2.
Conclusion : Cette étude montre que la chirurgie de réduction mammaire bilatérale ne présente pas de bénéfice, au niveau des douleurs et de la qualité de vie, pour les obèses. Une adaptation du seuil de résection en fonction de l'IMC serait intéressante. Une prise en charge globale de la population obèse permettrait une augmentation de la satisfaction des patientes et une diminution des dépenses du système public de santé français.