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Introduction : Actuellement en France, seulement 10% des FCU sont réalisés par des médecins généralistes, et certaines femmes ne savent pas qu'un médecin généraliste peut réaliser cet acte. Cela peut concourir en partie au faible taux de couverture globale du dépistage, estimé à 56,6%. Les conditions actuelles d'exercice ne facilitent pas la réalisation d'actes comme le FCU en cabinet de médecine générale, le manque de temps étant la difficulté la plus citée. Les problèmes matériels sont également évoqués, mais peu d'études se sont intéressées spécifiquement à l'équipement des cabinets de médecine générale. Nous avions alors émis cette hypothèse : l'observance du FCU serait meilleure chez les patientes dont le médecin traitant possède le matériel nécessaire pour réaliser des FCU, alors que les médecins les moins équipés aurait une patientèle moins à jour de leur FCU.
Objectifs : L'objectif principal de l'étude était d'évaluer l'équipement matériel nécessaire à la réalisation d'un FCU dont disposent des médecins généralistes installés en cabinet libéral et l'impact sur l'observance du dépistage du CCU par FCU chez leurs patientes. Les objectifs secondaires étaient d'évaluer la connaissance des patientes sur la pratique du FCU par leur médecin traitant et d'analyser d'autres facteurs associés à l'observance des patientes vis-à-vis du dépistage du CCU (critères sociodémographiques/économiques des patientes, supports éducationnels au cabinet du médecin traitant).
Matériel et méthode : Nous avons mené une étude transversale analytique comparative, par voie électronique, auprès de 55 internes en SASPAS ou médecins généralistes remplaçants en Poitou-Charentes. À partir de leurs réponses, deux populations ont été incluses : un échantillon de 55 médecins généralistes installés en cabinet libéral et un échantillon de 253 patientes éligibles au dépistage du FCU selon les recommandations nationales actuelles. Chez les médecins, les données recueillies concernaient leurs caractéristiques démographiques, les équipements retrouvés au cabinet, l'intuitivité du logiciel informatique et la mise à disposition de supports éducationnels pour les patientes du cabinet. Chez les patientes, les données recueillies concernaient leurs caractéristiques sociodémographiques et économiques, leur dernier FCU et leur connaissance sur la pratique du FCU par leur médecin traitant. Les médecins ont été classés dans trois groupes d'équipement définis selon un score (équipement optimal/équipement insuffisant/pas d'équipement). Pour les analyses statistiques comparatives, deux groupes ont été comparés : groupe « équipement complet » versus groupe « équipement incomplet ». Les analyses ont été basées sur ces deux groupes pour tester les associations entre le niveau d'équipement et l'observance du FCU des patientes / la connaissance des patientes sur la pratique du FCU par leur médecin traitant.
Résultats : Si 43,6% des médecins étaient équipés de façon optimale, 14,8% d'entre eux ne possédaient pas du tout d'équipement permettant de réaliser un FCU. L'exercice en milieu rural et la fonction de MSU étaient associés à un équipement optimal (p<0,05). Le niveau d'équipement n'avait pas d'impact sur l'observance du FCU des patientes (p>0,05) et la proportion de patientes « à jour » était équivalente entre les groupes « équipement complet » et « équipement incomplet » (respectivement 46,4% et 45%). Les FCU à jour étaient davantage réalisés par le médecin traitant lorsque celui-ci possédait un « équipement complet » ; à contrario, les FCU à jour et réalisés par un autre praticien étaient plus nombreux dans le groupe « équipement incomplet » (p=0,002). Les patientes affirmaient davantage que leur médecin traitant réalisait des FCU quand celui-ci était équipé (p=0,008). Le taux de couverture global du dépistage s'élevait à 60,5%. La majorité des FCU avaient été réalisés par un gynécologue (65,5%) ; la part réalisée par des médecins généralistes représentait 25,4%. Ni les facteurs sociodémographiques/économiques des patientes ni la disponibilité de supports éducationnels au cabinet des médecins généralistes n'étaient associés à l'observance du FCU (p>0,05).
Discussion : Cette étude n'a pas permis de vérifier l'hypothèse initiale. L'absence d'équipement complet ne semble pas être un obstacle à l'observance des patientes. Le défaut de pratique du FCU par les médecins généralistes reste un problème complexe, lié à des freins propres aux patientes et aux médecins. En vue de la généralisation du DO du CCU prévue en 2018, cette étude permet de proposer plusieurs axes pour renforcer l'implication des médecins généralistes dans ce dépistage : sensibilisation et rappel des recommandations, revalorisation des actes de prévention, meilleure coordination entre les différents acteurs impliqués et campagne d'information auprès de la population féminine en insistant sur la possibilité de faire réaliser leur FCU par un médecin généraliste.