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Résumé : Les traumatismes crâniens légers sont un motif de consultation extrêmement fréquent aux urgences. Actuellement, peu de données sont disponibles sur l'épidémiologie des patients traumatisés crâniens légers, c'est-à-dire ayant un score de Glasgow supérieur ou égal à 13, ainsi que sur leur devenir : nombre de retour à domicile sans hospitalisation, nombre d'hospitalisation, de séquelles, de saignement intracrânien, et ce qui plus est indépendamment de l'application des recommandations de la société française de médecine d'urgence de 2012.
Afin de répondre à ces questions, nous avons étudié le devenir des patients traumatisés crâniens légers consultant aux Urgences du CHU de Poitiers à 7 jours de leur traumatisme.
Méthode : Il s'agit d'une étude prospective, observationnelle, réalisée aux urgences du CHU de Poitiers de la période de juillet à août 2019. Cette étude s'intéresse à tous les patients ayant présenté un traumatisme crânien léger.
Un appel téléphonique a été effectué pour le recueil d'informations auprès des patients à 7 jours de leur traumatisme et a permis d'étudier le devenir de ceux-ci grâce à l'échelle GOS-E, ainsi que d'obtenir un certain nombre d'informations complémentaires : reconsultation (médecin généraliste ou urgences), présence de symptômes ou nouvelle imagerie médicale.
Résultats : Cent dix patients ont été inclus dans l'étude dont 20 ont été exclus pour le critère de jugement principal car ils n'ont pas répondu à l'appel téléphonique.
Vingt-quatre (26,7%) patients ont eu un GOS-E altéré et 4 (4,5%) sont décédés. Parmi les patients ayant eu un GOS-E bon, 7 (7,8%) présentaient des céphalées, 4 (4,4%) des vertiges et 10 (11,1%) une diminution dans les activités de la vie quotidienne.
On ne retrouve pas d'association significative entre le résultat de la tomodensitométrie cérébrale et le devenir du patient (OR= 4,75 [0,59 ; 58,54], p = 0,086). Il existe une association entre le respect des recommandations sur l'hospitalisation et le devenir des patients que ce soit chez les patients sous traitement antiagrégant plaquettaire ou anticoagulant à dose curative (OR= 0,064 [0,001 – 0,55] ; p = 0,0041) ou non (OR= 0,022 [0,0004 – 0,19] ; p = 7,64*10-6).
Conclusion : Nous présentons ici une cohorte de patients traumatisés crâniens légers consultant dans un service d'urgence. Parmi ces patients, 24 sont considérés à mauvaise évolution (GOS-E altéré), dont la moitié était directement imputée au traumatisme crânien léger. Par ailleurs, inhérents au traumatisme crânien, des symptômes post-traumatiques chez les patients avec un GOS-E bon, comme les céphalées, les vomissements ou encore les vertiges, étaient retrouvés chez 21 (23,3%) des patients. Au total, 32 (35,5%) patients étaient impactés par leur traumatisme. Ces résultats méritent d'être confirmés et validés sur une plus grande cohorte et posent la question d'un suivi plus rapproché de patients jusqu'à présent considérés comme d'évolution quasi systématiquement positive.