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Introduction. Les infections respiratoires virales sont une cause importante de mortalité et de morbidité chez les personnes âgées. L'objectif de cette étude était de déterminer le pronostic à 3 mois des patients gériatriques hospitalisés ayant une infection respiratoire virale à l'admission ou au cours du séjour hospitalier.
Patients et méthodes. Il s'agit d'une étude observationnelle, rétrospective qui a inclus des patients hospitalisés et les résidents du pôle de gériatrie du CHU de Poitiers avec une recherche PCR positive à un virus respiratoire, de décembre 2016 à avril 2017. Plusieurs variables étaient recueillies notamment les données sociodémographiques et médicales des patients, les complications observées et le pronostic dans les 90 jours qui suivaient la date du diagnostic biologique. Le critère de jugement principal était la mortalité dans les 90 jours, après diagnostic biologique. Les critères de jugement secondaires étaient la survenue d'une réhospitalisation et d'une institutionnalisation dans les 90 jours suivant la date du diagnostic biologique. Le pronostic des syndromes grippaux dus aux virus de la grippe a été comparé ensuite avec celui des virus respiratoires non grippaux (VRNG).
Résultats. 145 personnes ont été incluses, d'âge moyen 87,0 +/- 7,3 ans, avec un sex ratio H/F de 0,71 et dont 88% (128/145) avaient au moins une comorbidité ; 50% des patients avaient une infection d'origine nosocomiale. A 3 mois, dans la population totale, les taux de mortalité toutes causes confondues, de réhospitalisation non programmée et d'institutionnalisation étaient respectivement de 27% (39/145), 16% (23/145) et 53% (77/145) des patients. En analyse multivariée, pour l'ensemble des syndromes grippaux, un séjour en unité de court séjour ou en Soins de suite et Réadaptation (OR 17,48 [1,92 - 158,87] p = 0,01), la présence d'une tumeur sans métastase (OR 6,95 [1,64 - 29,50] p = 0,01) ou avec métastase (OR 35,36 [2,14 - 585,42] p = 0,01) étaient des facteurs de risque associés à la mortalité à 3 mois. A J90, dans le groupe « grippe » et dans le groupe « VRNG », les taux de mortalité toutes causes confondues étaient respectivement de 30% (19/63) et de 24% (20/82). Il n'y avait pas de différence significative pour le pronostic à J90 entre les deux groupes, tant sur le plan mortalité que les critères secondaires (p respectivement à 0,44, 0,31 et 0,45). La présence d'une fibrillation atriale était un facteur de risque indépendant, associée à la mortalité à J90 en cas d'infection grippale (OR 5,87 [1,75-19,69] p = 0,004).
Conclusion. Les infections respiratoires virales sont fréquentes chez les personnes âgées hospitalisées et responsables d'une mortalité élevée (27% à 3 mois), quel que soit le virus respiratoire incriminé. La promotion de la vaccination anti-grippale, ainsi que l'éducation aux règles d'hygiène sont essentielles pour diminuer le risque d'infection virale, notamment chez les patients atteints d'une fibrillation atriale.