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Introduction : La crise sanitaire de 2020 liée au Covid-19 a rendu nécessaire l'utilisation de la téléconsultation dans notre spécialité afin d'assurer la continuité du suivi des salariés. Aucune étude n'a encore interrogé les médecins du travail sur cette nouvelle pratique. L'objectif principal de cette étude était d'évaluer, dans une population de médecin du travail exerçant en services interentreprises, leurs ressentis et leurs perspectives concernant l'utilisation de la téléconsultation dans leur exercice quotidien. Les objectifs secondaires étaient d'évaluer les facteurs ayant pu faire varier leur recours à la téléconsultation et l'influence de leur intérêt sur son utilisation future.
Matériels et méthodes : Une étude transversale a été menée auprès des médecins du travail dans les 3 services interentreprises de Vienne et de Charente. Le recueil des données a consisté en la passation d'un auto-questionnaire anonyme en ligne permettant d'évaluer leurs recours, leurs ressentis, leurs intérêts et leurs perspectives sur la téléconsultation.
Résultats : 39 médecins du travail ont répondu sur la période du 30/06/20 au 30/07/20. Dans le contexte, 79,5% des répondants ont eu recours à la téléconsultation et un âge plus jeune était un facteur positif à son utilisation. Pas du tout intéressé à 53,8%, leurs ressentis était négatifs pour 75% d'entre-deux, mettant en avant l'absence d'examen clinique à 84,6%, les problèmes de connexion à 57,9% et le caractère déshumanisant à 56,4%. Les perspectives se tournent vers les visites à la demande à 64,7% et la visite de pré-reprise à 56,3%, dans le secteur tertiaire de type administratif à 83,3% sur un mode de réalisation médecin-salarié à 63,6% ou médecin-salarié assisté par un IDEST à 62,1%. Le bénéfice revenant à l'employeur à 63,2%.
Conclusion : Ces résultats montrent une réelle défiance à l'emploi de la téléconsultation dans l'exercice quotidien des médecins du travail, la crainte de voir se détériorer la relation médecin-salarié et les limites cliniques inhérentes à la consultation à distance. Une telle pratique ne pourra être imposée mais bien choisie et devra s'inscrire dans une démarche d'amélioration du service rendu par les SSTI encadrée par une doctrine adaptée à cette spécialité.