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Introduction : En France, l'accueil scolaire d'enfants et d'adolescents atteints de maladies chroniques telle que l'allergie alimentaire peut être formalisé par un Plan d'Accueil Individualisé (PAI) favorisant leur intégration. Le PAI est un document contractuel écrit et réalisé à la demande de la famille en concertation avec différents partenaires. Il est rédigé à partir des besoins spécifiques thérapeutiques précisés dans l'ordonnance signée du médecin allergologue ou généraliste. Néanmoins les différents intervenants des PAI semblent faire face à plusieurs difficultés. Notre objectif principal est de mettre en évidence ces difficultés d'établissement et d'application des PAI pour allergies alimentaires en milieu scolaire, dans le Poitou-Charentes.
Méthode : Le travail a été effectué en deux temps : D'abord une analyse quantitative, avec un questionnaire auprès de médecins allergologues, prescripteurs de protocoles d'urgence, puis une analyse qualitative, avec des entretiens téléphoniques auprès de 12 médecins scolaires de la région Poitou-Charentes.
Résultats :
1- Analyse quantitative : Près de 20% des allergologues déclarent un manque de temps pour l'éducation thérapeutique de leurs patients. Environ 40% émettent des difficultés autour de la prescription de la trousse d'urgence, et 92,9% disent prescrire des corticoïdes per os. Sur ces 92,9%, seulement 35,7% justifient cela par un asthme associé. La moitié d'entre eux supposent que leur prescription de protocole d'urgence n'est pas appliquée avec rigueur. Et 21,4% ne ressentent pas de synergie bénéfique entre les différents intervenants du PAI. La majorité d'entre eux pensent que les intervenants de l'Education Nationale ne sont pas assez formés à la mise en application du PAI, et beaucoup expriment le souhait de renforcer leur lien avec la médecine scolaire.
2- Analyse qualitative : Le manque de temps est confirmé par les médecins scolaires. Cela est aggravé par une élaboration des PAI qui est complexe, chronophage. Plusieurs médecins suggèrent la numérisation de ce document afin d'en faciliter la mise en place. La formation des médecins scolaires et des intervenants de l'Education Nationale semble insuffisante. La qualité des protocoles d'urgence est très variable, prescripteurs dépendant. Les retours d'informations des établissements scolaires quant aux PAI sont peu nombreux. La peur des incidents allergiques à l'école entraîne de plus en plus de restrictions pour les enfants concernés.
Discussion : Nos résultats mettent en évidence la complexité d'élaboration des PAI, mais aussi de leur application en milieu scolaire. La simplification du document et la formation des différents intervenants sont à améliorer. Une organisation plus claire en milieu scolaire est à étudier. Ces résultats concordent aux données de la littérature déjà existantes, notamment les articles de l'équipe du Dr G. Pouessel du CHU de Lille. Ils précisent aussi certains points propres à la région Poitou-Charentes, tel que le possible « panier repas obligatoire pour tout enfant allergique », qui doit-être instauré prochainement dans le département de la Vienne.
Conclusion : Le PAI a pour but de sécuriser l'enfant en milieu scolaire. Il requiert une expertise allergologique sérieuse et un partenariat avec de multiples intervenants. Les modalités actuelles doivent évoluer pour renforcer la sécurité des enfants : mieux encadrer les temps périscolaires, mieux identifier les enfants à risque de réaction allergique grave, poursuivre la formation des différents intervenants. Un document unique de PAI, national, est vivement attendu.