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Introduction : Le syndrome d'épuisement professionnel ou burn-out (BO) a une survenue conditionnée par trois types de facteurs protecteurs ou à risque : intra-individuels, organisationnels et inter-individuels. Le BO est mesuré par le Maslach Burnout Inventory via 3 composantes : l'épuisement émotionnel, la dépersonnalisation et la perte d'accomplissement personnel (AP), laquelle semble être la plus atteinte chez les médecins généralistes de Poitou-Charentes. Les Maisons de Santé Pluridisciplinaires (MDSP) ont été présentées par plusieurs études comme étant protectrices du BO.
Objectif : Le but de ce travail était d'étudier le lien entre le score d'AP et le mode d'installation des médecins généralistes de Poitou-Charentes à travers les liens avec les facteurs intra-individuels, organisationnels et inter-individuels, et d'étudier la stabilité de ces liens dans le temps.
Matériel et méthodes : Nous avons soumis 961 médecins généralistes à un questionnaire en ligne à 3 reprises entre février et août 2015. Les 200 primo-répondants ont été répartis en 3 groupes selon leur mode d'installation (seul, cabinet de groupe, en MDSP). Nous avons ensuite cherché un lien entre le mode d'installation et chaque facteur.
Résultats : 30,5% des répondants étaient installés seuls, 52,5% en groupe, 17% en MDSP. Il s'agit en majorité d'hommes (60,5%), âgés en moyenne de 53 ans (les médecins installés seuls étant plus âgés que les autres-56 ans en moyenne).
La majorité (68%) présentait un score d'AP élevé. Nous n'avons pas retrouvé de lien entre le mode d'installation et ce score : les médecins de MDSP n'ont pas un meilleur score.
Les stratégies de coping positives sont peu utilisées (en dehors du coping actif, utilisé par 69 à 71% de la population totale).
L'analyse des 3 types de facteurs confirme certains aspects protecteurs de la MDSP : délégation des tâches non médicales (100% des médecins en MDSP ont un secrétariat pour répondre aux appels téléphoniques, contre 69% des médecins installés seuls -p<0,05- et 97% des médecins en cabinet de groupe –p>0,05), implication universitaire (74% des médecins en MDSP contre 42% en cabinet de groupe et 26% seul- p<0,05), plus de semaines de congés (7 semaines en moyenne en MDSP contre 5 seul -p<0,05- et 6 en groupe -p>0,05), soutien confraternel (71% considèrent parfois ou souvent leurs collègues
comme une ressource lors de situation difficile contre 46% des médecins seuls –p<0,05- et 71% en cabinet de groupe –p>0,05); mais en infirme d'autres qui étaient supposés améliorés par la MDSP, ne retrouvant aucun lien avec certains facteurs (flexibilité horaire, interférence travail-famille, temps consacré à la formation médicale continue), voire établissant un risque plus important de BO chez les médecins en MDSP (charge de travail-38 actes/jour en MDSP contre 35 pour les médecins en groupe –p>0,05- et 31 pour les médecins seuls -p<0,05, nombre de gardes).
Conclusion : Contrairement à ce qui a été exposé dans la littérature jusqu'à présent, une installation en MDSP ne présente pas moins de facteurs de risque de BO : si quelques facteurs protecteurs sont plus présents, la majorité des facteurs de risque n'est pas moins représentée, et certains sont même prépondérants dans ce mode d'installation.