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Introduction : A l'heure de l'optimisation des soins, la problématique des patients « bed-blockers », patients jugés médicalement sortants mais restant hospitalisés, est un réel enjeu. L'objectif principal de cette étude est de calculer la prévalence des patients « bed-blockers » dans le Pôle de Gériatrie du CHU de Poitiers. Les objectifs secondaires sont d'évaluer la durée de prolongation d'hospitalisation, d'identifier les causes de cette prolongation ainsi que les caractéristiques de ces patients.
Méthode : Une étude transversale a été réalisée un jour donné et a concerné les patients d'unité de médecine gériatrique aiguë (UGA) et d'unité de soins de suite et réadaptation (SSR) du Pôle de Gériatrie du CHU de Poitiers. Les patients étaient qualifiés « bed-blockers » par leurs médecins hospitaliers référents. Un questionnaire a été établi afin de recueillir les données socio-démographiques, médicales (autonomie, comorbidités et critères de vulnérabilité) et les données sociales. Un deuxième recueil a été effectué un mois plus tard afin de voir si les patients initialement qualifiés « bed-blockers » étaient toujours hospitalisés.
Résultats : Sur les 190 patients présents dans le Pôle de Gériatrie au moment de l'enquête, 41 (21,6%) étaient qualifiés « bed-blockers » : 9,3% en UGA et 31,7% en SSR. Le sex-ratio H/F était de 0,64 avec un âge moyen de 81,4 ± 12 ans [50-95]. Les patients vivaient en majorité à domicile (80%), étaient en perte d'autonomie avec un score GIR moyen à 2,85 ± 0,16 [1-5] et présentaient de nombreuses comorbidités (score de Charlson 3,83 ± 0,33 [0-11]) et critères de vulnérabilité (3,97 ± 0,23 [1-7]). Trois-quarts des motifs de « bed-blocking » étaient une problématique sociale avec principalement une attente de place en institution (36,6%) et des raisons familiales ou personnelles (15%). Les 25% des motifs restants sont divisés entre l'attente d'une place en structure d'aval médicalisée et les problèmes de gestion de service. Au total, 75% des patients ont bénéficié d'une prise en charge sociale avec un délai moyen d'intervention de 10 jours. Un tiers des patients étaient encore présents dans le service lors du suivi à un mois ; ceux-ci présentaient moins de comorbidités que les patients bed-blockers qui étaient sortis (Charlson à 2,78 [0-5] versus 4,37 [0-11], p<0,02).
Conclusion: La prévalence des patients « bed-blockers » présents dans le pôle est similaire à celles retrouvées dans la littérature. Les principales raisons ressortant de notre étude sont la difficulté à identifier précocement les patients à risque d'hospitalisation prolongée non justifiée sur le plan médical. Ceci permettrait d'anticiper la prise en charge sociale et la problématique de l'accueil post hospitalier.