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Introduction : Entre 50 et 74 ans, toutes les femmes sont invitées à participer à un dépistage de masse organisé du cancer du sein par la réalisation d'une mammographie tous les deux ans. A partir de 75 ans, il n'existe aucun consensus de dépistage alors que le risque persiste avec un nouveau pic d'incidence après 80 ans. Un projet en trois étapes a été élaboré par l'UCOG (Unité de Coordination en OncoGériatrie) Poitou-Charentes en collaboration avec DOCVie (structure de gestion du Dépistage Organisé des Cancers dans la Vienne). La première étape a consisté en l'envoi d'un questionnaire accompagnant la dernière invitation où un message de sensibilisation à la poursuite d'une surveillance était intégré.
Objectifs : Établir une description sociodémographique des femmes quittant le dépistage organisé du cancer du sein, avec comme objectifs secondaires de définir les facteurs médico-sociaux influençant l'adhésion au dépistage et ceux influençant leur intention de poursuivre le suivi gynécologique au-delà de 74 ans.
Matériel et méthode : Étude prospective, observationnelle, transversale. Entre le 1er mai et le 31 décembre 2016, toutes les femmes âgées de 73-74 ans ont reçu avec leur dernière invitation un questionnaire les interrogeant sur : leur parcours de soins passé, leur intention en terme de suivi futur, leurs habitudes de vie, leurs situations familiale et sociale. Parallèlement des informations DOCVie (événement, rang, date d'invitation, dernier événement connu) pour chaque femme invitée au cours de l'année 2016, ont été récupérées.
Résultats : Au total, 233 patientes (23%) ont répondu au questionnaire. 2% avaient un antécédent personnel de cancer du sein, 23% un antécédent familial. Un tiers n'avait aucun problème de santé. La majorité avait au moins un enfant (94%) et vivait à domicile (97%), en couple (66%), en milieu urbain (55%), sans aides à domicile (69%). La plupart étaient actives, avec au moins une activité de loisir pour 91% et sportive pour 84%. Peu de patientes (3%) ne pouvaient pas se déplacer. Concernant leur parcours de santé, 50% avaient réalisé entre six et dix mammographies. Toutes étaient suivies par un médecin traitant. 60% avaient un suivi gynécologique par un médecin traitant ou un gynécologue, avec une palpation mammaire dans 75% des cas. Les trois-quarts pensaient poursuivre un suivi gynécologique après 74 ans, avec la réalisation d'une mammographie pour 67%. Comparativement les répondantes participaient plus au dépistage (p<0,02). La participation des femmes au dépistage allait de pair avec la palpation mammaire (ORa= 3,35 IC95% [1,37 – 8,15]) et l'activité de 2 loisirs (ORa = 17,82 IC95% [3,54 – 89,64]). Le souhait de poursuivre un dépistage individuel était favorisé par une prise en charge antérieure par un gynécologue (ORa = 11,48 IC95% [3,30 – 39,96]), avec suivi souhaité de la même manière (ORa=2,85 IC95% [1,02 – 7,92]). Le fait d'avoir réalisé moins de mammographies de dépistage était associé indépendamment à un souhait moindre de poursuivre les mammographies après 74 ans (p-for-trend<0,05).
Conclusion : Les femmes ayant répondu à l'enquête étaient en majorité actives, vivant à domicile en couple, avec un bon suivi médical, incluant leur participation au dépistage de masse organisé. Améliorer cette participation doit s'attacher à sensibiliser en particulier la population moins impliquée dans une dynamique de santé et insister sur la palpation mammaire.
Le souhait de poursuivre un dépistage individuel est favorisé par une prise en charge antérieure par un gynécologue, avec un suivi souhaité de la même manière.
La sensibilisation à poursuivre la surveillance après 74 ans, et de ce fait favoriser le diagnostic précoce, va de pair avec la participation des femmes au dépistage de masse organisé entre 50 et 74 ans.