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Introduction. – En 2019, les soins non programmés en France peinent à trouver leur place. Les services d’urgence sont débordés par une activité complexe toujours plus importante (+2,6% en 2018 à Rochefort). Les médecins généralistes doivent composer avec une population toujours plus vieillissante, polypathologique et isolée, et des effectifs toujours décroissants. De plus, la population, de plus que jamais informée, fait de plus en plus état d’une urgence ressentie face à de nombreuses problématiques de santé, y compris les plus bénignes. Face à ce constat, des moyens simples sont mis en place par les différents acteurs du soin primaire. À Rochefort (17300), une filière de consultation ambulatoire a été mise en place. Cette étude a pour but d’évaluer la pertinence de la mise en place d’une telle filière.
Matériels et méthodes. – Une étude descriptive qualitative a été menée durant deux périodes distinctes (saison touristique et hors-saison) au Centre Hospitalier de Rochefort en 2018 et 2019. Les patients se voyaient adressés un questionnaire en fin de consultation. Celui-ci explorait les raisons de leur consultation au SAU. De plus, nous avons recueilli l’ensemble des données de consultation associées au questionnaires. Enfin, nous avons également soumis un questionnaire au personnel soignant afin d’évaluer l’intérêt qu’il porte à cette filière au sein du SAU. Nous avons défini la pertinence comme un ensemble de critères obtenus (satisfaction des patients, des soignants, diminution du temps de passage).
Résultats. – Nous avons recueilli 601 questionnaires sur les deux périodes ; 316 dossiers ont été obtenus en saison touristique et 276 dossiers obtenus en basse saison. Après exclusion, 592 dossiers étaient exploitables. Les motifs de consultations étaient principalement de la traumatologie des membres et du thorax (75,8%). Parmi les patients, 74,6% d’entre eux étaient classés CCMU2. La durée moyenne de séjour des patients CCMU1 était de 80 minutes [IC95% : 72 - 88] alors que les patients CCMU2 restaient 108 minutes [IC95% : 102 - 114] (p < 0,05). De plus, cette filière semble être acceptée par les patients et les soignants. Les raisons principales exprimées de consultation aux urgences sont l’accès privilégié aux examens complémentaires si besoin (31,9%), l’absence d’accès à une consultation de médecine générale dans les 48h (22,6%) et le sentiment que les soins seront plus adaptés aux urgences (20,3%). La plupart des patients n’avaient pas essayé de joindre leur médecin traitant avant de consulter (66,2%). La part des urgences ressenties est importante (75,7%). Pour une bonne partie d’entre eux (53%), le médecin traitant était tout-à-fait en capacité de gérer leur problème de santé en premier recours. De leur côté, les soignants semblent en accord avec la présence d’une filière ambulatoire au sein d’un service d’urgence.
Conclusion. – Les filières ambulatoires nous paraissent être un outil pertinent pour une prise en charge efficiente des soins non programmés dans le contexte actuel de pénurie médicale. Une évolution intéressante pourrait être d’ouvrir ce secteur à des médecins généralistes tout en conservant une position intra-hospitalière.