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L'hypotension orthostatique (HO) est fréquente chez le sujet âgé. Sa prévalence peut atteindre jusqu'à 50% chez les sujets poly-pathologiques. Du fait de son caractère souvent asymptomatique, elle est actuellement sous-diagnostiquée alors
qu'elle est de plus en plus associée à un risque élevé de morbidité cardiovasculaire et de mortalité.
Objectifs : Notre étude avait pour objectif principal de déterminer la prévalence de l'HO méconnue dans une population gériatrique hospitalisée. Nos objectifs secondaires étaient de déterminer les paramètres associés à l'HO et d'évaluer l'efficacité des stratégies thérapeutiques entreprises.
Méthodologie : Nous avons fait une recherche systématique d'HO chez les patients hospitalisés pour un critère autre que chute ou malaise. L'étude s'est déroulée entre le 1er octobre 2013 et le 31 mars 2014, au sein du Pôle de Gériatrie du CHU de Poitiers. Le test d'HO était effectué à distance de l'admission, après arrêt de toute perfusion et quand le patient était apte à se mobiliser au fauteuil. Différentes données étaient recueillies dont les principales comorbidités, le score CIRS-G de polypathologie et les traitements en cours.
Résultats : Cent trente et un patients répondaient aux critères d'inclusion, d'âge moyen 84,3 ± 7 ans. Le score CIRS-G moyen était de 10,6 ± 3,8. Le nombre moyen de principes actifs de 6,5 ± 3,3. La recherche d'HO a été réalisée en moyenne 6,3 ±
3,9 jours après l'admission. Nous avons trouvé une prévalence d'HO méconnue de 29,8%, asymptomatique dans 82% des cas. Le diabète (odds ratio [OR] 4,0 ; IC 95% [1,2-13,8] ; p=0,03), le score CIRS-G (OR 1,13 ; IC 95% [1,003-1,28] ; p=0,04) et l'association thérapeutique anxiolytique + hypnotique (OR 2,45 ; IC 95% [1,04-5,75] ; p=0,04) étaient les facteurs significativement associés à un test d'hypotension orthostatique positif. Après instauration des mesures thérapeutiques, 76% des patients ont un contrôle négatif.
Discussion : Le dépistage systématique de l'hypotension orthostatique chez les sujets âgés hospitalisés de plus de 65 ans, notamment diabétiques, polypathologiques, et/ou traités par hypnotiques et anxiolytiques, permettrait d'identifier jusqu'à 30% de patients avec HO méconnue. Une fois l'HO diagnostiquée, la mise en place de thérapeutiques correctrices permet probablement de prévenir la survenue de complications, au premier rang desquelles la chute, que l'on sait lourde de conséquences dans cette population vulnérable.