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Introduction : En 2011, 85% de la population française exprimait le souhait de mourir à domicile. Un enjeu majeur pour un bon nombre de patients qui n'accèdent à cette requête que dans 26,5 % des cas. Ces chiffres classent la France au rang des derniers pays d'Europe, montrant tout l'enjeu de notre étude. Est-il possible d'identifier les différents facteurs limitants du domicile, présents malgré un accompagnement maximal (Médecin Généraliste, HAD et EMSP), afin de proposer un modèle d'évaluation et une prise en charge plus efficace de la fin de vie à domicile souhaitée ?
Méthodes : Nous avons conduit une étude rétrospective multicentrique consécutive sur l'année 2016 en Charente Maritime comprenant une partie descriptive suivie d'une partie analytique comparative. Etaient inclus tous les patients majeurs, suivis par l'EMSP, ayant exprimé le souhait de décéder à domicile et ayant validé au moins un séjour en HAD. Nous avons premièrement relevés les différents facteurs de ré-hospitalisation avant décès puis nous avons réalisé une analyse comparative sur différentes variables du patient (âge, sexe, type de pathologie, distance domicile-hôpital, présence de prescriptions et directives anticipées).
Résultats : 64 patients répondaient aux critères d'inclusion. Dans notre population, 71,9% des patients sont décédés à domicile montrant une amélioration statistique du nombre de décès à domicile lorsqu'il est accompagné par une prise en charge coordonnée. 77,8% des patients décédés à l'hôpital ont été réhospitalisés du fait d'un facteur Physique, 22,2% pour un facteur Psychologique, 50% pour un facteur familial, 27,8% pour un facteur Ethique/Existentiel (veilles de week-end et jours fériés), 11,1% pour un facteur Environnemental et 5,5% pour un facteur social. Ces facteurs devraient donc être prévenus et anticipés afin de pérenniser le maintien à domicile. La moyenne d'âge des patients décédés à domicile (76,15) était significativement plus grande que ceux décédés à domicile (70,22) (p= 0.0485). Les patients de sexe masculin sont décédés significativement plus à l'hôpital (p=0.0431). Les patients souffrant de pathologies non cancéreuses décédaient significativement plus à domicile (p=0.0271). Il n'a pas été retrouvé de différence significative concernant la distance domicile-hôpital et la présence de directives ou prescriptions anticipées.
Conclusion : Ces données chiffrées apporte des points d'évaluations dans l'accès à une fin de vie à domicile sans proposer de grille pronostique précise. Elles démontrent cependant la nécessité de poursuivre les efforts en termes de soutien du médecin généraliste à domicile par accompagnement pluridisciplinaire précoce. Il reste tout de même à prendre en compte la dimension philosophique du domicile. Les prises en charges sont souvent perçues comme intrusives, dans un espace privé lourd de projections intimes. Une représentativité complexe et singulière à chacun qui peut engendrer de nouveaux freins dans la prise en charge ambulatoire des patients en situation palliative.