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Introduction : la Maladie de Hodgkin (MDH) est une hémopathie maligne curable touchant une population jeune en âge de procréer. De plus en plus de jeunes femmes sont guéries et doivent faire face aux complications à long terme. Parmi elles, l'infertilité tient une place importante et la préservation de la fertilité est devenue un enjeu grandissant. La chimiothérapie de 1ère ligne par ABVD (adriamycine, bleomycine, vinblastine et dacarbazine) semble peu gonadotoxique mais cette toxicité a peu été étudiée.
Objectif : apporter une nouvelle évaluation de la fertilité féminine par mesure du nombre de grossesses et de naissances après ABVD chez les jeunes femmes ayant été traitées pour une MDH, en comparaison à une population non-exposée.
Matériels et méthodes : les patientes âgées de 18 à 40 ans ayant une MDH traitée à Angers, Nantes ou Poitiers, dans les protocoles POF81, MH90 et MH97 menés de 1981 à 2005, ont été contactées. Le traitement majoritaire était l'ABVD. Deux témoins sains ont été attribués à chaque patiente et appariés sur l'âge, la consommation de tabac et l'indice de masse corporelle. La fertilité était évaluée par le nombre de grossesses après traitement de la MDH et le nombre de naissances. Les informations étaient recueillies par des questionnaires papiers.
Résultats : soixante-sept patientes ont été incluses. L'âge médian au diagnostic était de 24,4 ans (15,6-43,1). Quarante-six patientes ont reçu un traitement considéré d'intensité « standard » : 37 patientes ont été traitées par ABVD et 9 par EBVM (epirubicine, bleomycine, vinblastine et methotrexate). Vingt-et-une patientes ont reçu un traitement « renforcé », dont 8 avec autogreffe de cellules souches périphériques. Toutes sauf une ont reçu de la radiothérapie. Cinquante-quatre pourcents des patientes traitées par ABVD ont obtenu une grossesse et 82,3% des patientes qui désiraient des enfants ont obtenu au moins une naissance. Dans le groupe des patientes, 36 (53,7%) ont démarré au moins une grossesse après traitement contre 73 témoins (54,5%) (p=0,92). Le délai médian de survenue d'une grossesse n'était pas différent entre les groupes [4,8 ans (3,1-6,6) chez les patientes vs 6,8 ans (5-8,7) chez les témoins, p=0,214]. De même, il n'y avait pas de différence en termes de recours à l'assistance médicale à la procréation [7 (10,4%) patientes vs 7 (5,2%) témoins, p=0,125]. L'âge de survenue de la ménopause était de 44,4 ans (36-55) chez les patientes vs 51,5 ans (36,2-59) chez les témoins (p=0,006) sans impact sur le nombre de grossesses. Trente-six patientes (53,7%) désiraient avoir des enfants après la prise en charge de la MDH : 30 (83,3%) ont obtenu au moins une grossesse et toutes sauf une ont obtenu au moins une naissance (80,5%). Il y avait peu de naissances prématurées chez les patientes (4%) et peu de complications néonatales [1 retard de croissance (2%)].
Conclusion : le nombre de grossesses et de naissances chez les jeunes femmes ayant été traitées par ABVD pour une MDH est similaire à celui de la population générale, témoignant de la faible gonadotoxicité de l'ABVD.