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L'accouchement engendre des modifications physiques, psychiques, mais aussi familiales. C'est un événement perçu comme positif par la société mais il peut être vécu comme traumatisant. La prévalence du trouble de stress-post traumatique lié à l'accouchement varie de 1 à 2 % (Denis et al.,2009 ; Ayers et al., 2008 ; Manzano et al., 2002). Il peut être responsable d'un moins bon investissement mère-bébé (Davies et al., 2008).
Dans notre étude observationnelle, prospective, non randomisée, nous avons inclus 22 femmes de plus de 18 ans dans la Vienne. Après avoir recueilli leur consentement, nous avons évalué, au cours du dernier trimestre de grossesse, les dimensions suivantes (T0) : les événements de vie traumatique et l'existence d'un trouble de stress post-traumatique, l'anxiété liée à la grossesse, la dépression du prépartum, la peur de l'accouchement et le lien mère-fœtus. Puis à 4 à 6 semaines en post-partum (T1), un deuxième temps a permis d'évaluer le vécu de l'accouchement et son caractère traumatique, la dépression du post-partum et la relation mère-bébé. Pour chacune des dimensions sus-citées, nous avons utilisé des auto-questionnaires.
Seulement 2 femmes ont caractérisé leur accouchement de traumatique mais aucune n'a développé un trouble de stress post-traumatique secondaire à l'accouchement. Le nombre d'événements traumatiques vécu au cours de la vie concernait 50 % de la population dont 45 % d'agressions sexuelles et 27 % physiques. Nous avons distingué deux groupes : « traumas vécus » et « absence de trauma ». Dans le groupe « traumas vécus » la relation avec le fœtus était mieux investie (p < 0,05 ; p = 0,019). En outre, un meilleur investissement du fœtus était significativement corrélé à un meilleur investissement de la relation en post partum (p < 0,05 ; p = 0,004 ; R = - 0,582). Aussi, le vécu négatif de l'accouchement était statistiquement corrélé à un lien mère-enfant de moins bonne qualité (p < 0,05 ; p = 0,047 ; R = 0,427). Par ailleurs, plus la peur de l'accouchement était importante, plus le vécu de ce dernier était négatif (p < 0,05 ; p = 0,028 ; R = 0,469). Enfin, le lien mère-bébé était significativement de moins bonne qualité lorsqu'il existait une dépression du post-partum (p < 0,05 ; p = 0,005), et cela s'aggravait avec l'intensité symptomatique (p = 3,3x10-5 ; R = 0,765).
Certains résultats confirmés par la littérature encouragent la poursuite de cette étude. Le meilleur investissement de la relation dans le groupe « traumas vécus » et la continuité entre l'investissement pré et post-partum invitent à s'intéresser aux facteurs protecteurs de la relation. Dépister l'intensité de peur liée à l'accouchement permettrait de réduire le vécu négatif de ce dernier et ainsi protéger le lien parents-enfant.