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Introduction : Les volvulus du grêle néonataux sans malrotation demeurent rares dans la
littérature. Leur diagnostic est difficile chez les prématurés chez qui on évoque d'abord
l'entérocolite ulcéro-nécrosante, plus fréquente et de présentation très proche. Le but de cette
étude était de mettre en évidence les différences de présentation entre ces 2 pathologies, qui
permettraient un diagnostic plus précoce des volvulus, espérant ainsi en limiter le risque de
séquelles.
Méthodes : Nous avons identifié les cas de volvulus primitifs du grêle chez des prématurés
sur une période rétrospective de 11 ans (janvier 2004 - juillet 2015). Après les avoir décrit,
nous avons comparé leur présentation clinique, biologique et radiologique aux cas
d'entérocolite ulcéro-nécrosante prouvés survenus sur la même période. Nous avons utilisé le
test de Wilcoxon pour les variables quantitatives et le test exact de Fisher pour les variables
qualitatives, avec un seuil de significativité de p < 0,05.
Résultats : Nous avons inclus 9 cas de volvulus et 48 cas d'entérocolite. Si le diagnostic
évoqué était toujours correct pour les entérocolites, aucun volvulus n'a été correctement
diagnostiqué en pré-opératoire, avec suspicion d'une cause obstructive mécanique dans
seulement 22,2% des cas. Nous avons montré un profil de tolérance digestive perturbée dès la
naissance chez les volvulus (88,8% vs 25%, p=0,002), associant un abdomen ballonné (77,8%
vs 22,7%, p=0,003) et des rations entérales limitées (70 ml/kg/j vs 148 ml/kg/j, p=0,015). La
clinique à la phase aigüe de la dégradation digestive associait plus fréquemment une
circulation veineuse collatérale abdominale (77,8% vs 35,4%, p=0,027) et l'absence de
rectorragies (0% vs 41,7%, p=0,020). La CRP se distinguait par une absence de régression
stable malgré l'antibiothérapie probabiliste (77,8% vs 22,2%, p=0,004). Les ASP ont permis
de retenir la rareté de la pneumatose (11,1% vs 91,5%, p<0,0001). L'échographie abdominale
n'était pas discriminante.
Conclusion : Les volvulus primitifs du grêle restent une pathologie rare chez le prématuré, et
le diagnostic différentiel avec l'entérocolite ulcéro-nécrosante est extrêmement difficile.
Aucun critère anamnestique, clinique, biologique ou radiologique ne permettant un diagnostic
de certitude, le retard diagnostique est fréquent et lourd de conséquences. L'établissement
d'un score diagnostique pourrait permettre une intervention chirurgicale plus précoce et donc
un meilleur pronostic.