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Introduction : La psychiatrie de liaison permet la prise en charge des différents troubles psychiatriques des patients
hospitalisés dans les services de Médecine - Chirurgie - Obstétrique (MCO), ainsi que la sensibilisation
et le soutien des équipes, dans la gestion des problèmes émotionnels et relationnels avec les patients.
Dans ce domaine, la littérature est très peu fournie en données statistiques et épidémiologiques. Le but
de cette étude était de décrire le profil socio-démographique et les caractéristiques cliniques des patients,
à travers l'activité de l'Unité de Consultation Médico-Psychologue (UCMP) au Centre Hospitalier
Universitaire (CHU) de Poitiers.
Méthode : Nous avons réalisé une étude descriptive rétrospective, incluant l'ensemble des patients pris en charge,
par l'UCMP, sur l'année 2012. A la lecture de chaque dossier, un nombre important de variables
concernant les caractéristiques socio-démographiques et cliniques des patients, les demandes des
services, les réponses de l'UCMP et le devenir des patients a été relevé. Une analyse descriptive simple
a été réalisée sur l'ensemble de la population de l'étude.
Résultats : L'étude a porté sur 977 patients. Il s'agissait plutôt d'hommes (53,1%), d'âge mur (moyenne = 55,6
ans). Les antécédents psychiatriques présents chez le plus grand nombre de patients étaient l'addiction
à l'alcool (n=222). Cinquante-six pourcent des patients qui prenaient un traitement psychotrope avant
l'hospitalisation n'avaient pas de suivi spécifique. Trente pourcent des demandes provenaient des
services de gastro-entérologie et de neurologie ; les symptômes thymiques constituaient 35,1% des
motifs de demande. Les interventions étaient pour 50% de type multi-disciplinaire, aboutissant à la
prescription d'un anxiolytique dans 45,6% des cas. Nos résultats, ainsi que la littérature, montrent que
les patients souffraient le plus souvent de troubles de l'adaptation (28,5%). L'UCMP a été peu sollicitée
pour des patients ayant des pathologies psychiatriques sévères, comme le trouble bipolaire (<1%) ou la
schizophrénie (1,3%), dont le suivi attentif en MCO demeure une priorité. La prise en charge conjointe
médicale-infirmière durait en moyenne 26 jours, aboutissant à l'orientation vers le CMP pour un suivi
ambulatoire dans environ 30% des cas. Nous déplorons un manque de comparabilité avec les études
existantes.
Conclusion : Nos résultats ont mis en évidence la grande variété des profils des patients rencontrés en psychiatrie de
liaison, avec des problématiques d'addiction, mais également des troubles de l'adaptation face à des
pathologies chroniques ou au pronostic sombre. L'activité de psychiatrie de liaison est essentielle pour
une prise en charge globale du patient, particulièrement dans l'accompagnement des patients présentant
des troubles psychiatriques sévères, mais également pour éviter des effondrements dépressifs face à la
maladie somatique, car ils majorent la probabilité d'une évolution délétère. Le développement de cette
activité nécessite de repenser régulièrement l'organisation et l'offre de soins psychiques à l'hôpital
général.