Thèse d'exercice
Evaluation des facteurs orientant vers une fièvre d'origine indéterminée chez une population de patients hospitalisés au CHU de Poitiers atteints d'une tumeur solide
Français
Travail non accessible
Introduction. La fièvre d'origine inconnue, parfois appelée fièvre paranéoplasique dans un contexte de cancer, est la seconde cause de fièvre chez les patients suivis en cancérologie. Il s'agit d'un évènement fréquent dont le diagnostic est difficile et repose sur l'exclusion des autres causes de fièvre puisqu'il n'existe pas de critères cliniques, biologiques ou radiologiques fiables. Ces difficultés diagnostiques diffèrent la mise en place d'un traitement spécifique permettant de soulager le patient et majore la durée de prescription d'antibiotiques inutilement. La physiopathologie de cette entité reste mal comprise. La présence de nécrose est un facteur évoqué qui pourrait intervenir, mais il existe un manque de données récentes dans ces situations. Dans cette étude, nous avons analysé à partir de dossiers de patients hospitalisés des critères permettant d'orienter le diagnostic vers une fièvre d'origine inconnue.
Matériels et méthodes. Il s'agit d'une étude rétrospective, monocentrique, incluant des patients suivis en cancérologie pour une tumeur solide, et ayant présenté entre janvier et décembre 2019 de la fièvre au cours d'une hospitalisation. Une régression logistique simple a été réalisée pour évaluer la relation entre le type de fièvre et différentes variables puis les variables d'intérêt ont été retenues pour une régression logistique multivariée. Les analyses de survie ont été modélisées avec la méthode de Kaplan-Meier.
Résultats. Parmi les 278 patients de l'étude, 60 ont présenté une fièvre d'origine inconnue (21.6%) et 199 une fièvre d'origine infectieuse (71.5%). En analyse multivariée, les facteurs associés à une fièvre d'origine indéterminée étaient la présence de nécrose tumorale sur une imagerie récente (OR = 23.51 ; IC 95% 9.81- 62.81 ; p < 0.001), tandis qu'une lymphopénie inférieure à 0.5 G/L était associée à une fièvre d'origine infectieuse (OR = 0.25 ; IC 95% 0.08 – 0.69 ; p = 0.01) tout comme un traitement par corticothérapie au moment de la fièvre (OR = 0.32 ; IC 95% 0.10 – 0.89 ; p=0.04). A partir du diagnostic anatomopathologique, la survie médiane du groupe fièvre d'origine indéterminée était significativement moindre à 11 mois [IC à 95% : 8 ; 16.9 mois] versus 20.9 mois [IC à 95% = 17.6 ; 24.5] dans le groupe fièvre d'origine infectieuse.
Conclusion. Notre étude permet de définir trois facteurs permettant d'orienter précocement vers une fièvre d'origine indéterminée à savoir la présence de nécrose, l'absence de lymphopénie et l'absence de corticothérapie. L'utilisation de ces facteurs peut permettre de limiter la prescription d'antibiothérapie inutile.
Mots-clés libres : Fièvre paranéoplasique, fièvre d’origine inconnue, cancer, infection, nécrose tumorale.
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