Thèse d'exercice
Maintien thérapeutique du Secukinumab et de l'Ixekizumab dans la maladie psoriasique et effets des anti-IL17 sur le profil hépatique des patients
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Introduction : Les anti-IL17 sont utilisées en traitement de seconde intention dans la « maladie psoriasique » (PsD). Peu de données concernant leur maintien thérapeutique sont disponibles en vie réelle. Ce concept de « maladie psoriasique » suggère une atteinte systémique, dans laquelle les comorbidités cardio-métaboliques, et notamment hépatiques devraient être prises en compte. En effet, il a été mis en évidence que l'inflammation médiée par la voie de l'IL17 est impliquée dans un dialogue entre le foie et la peau au cours du psoriasis. L'objectif de cette étude était d'évaluer et de comparer en vie réelle, le maintien thérapeutique et la tolérance du Secukinumab (SEC) et de l'Ixekizumab (IXE) dans le psoriasis (PsO) et le rhumatisme psoriasique (PsA). L'objectif était également d'étudier le profil cardio-métabolique et hépatique des patients, traités par inhibiteurs de l'IL-17 et l'effet de ces traitements sur des marqueurs non invasifs d'atteinte hépatique.
Matériels et méthodes : L'étude était rétrospective, monocentrique au CHU de Poitiers, incluant les patients adultes présentant un rhumatisme psoriasique ou un psoriasis sans atteinte articulaire, traités par anti-IL-17 entre 2015 et 2023. Après une évaluation descriptive des données démographiques, des caractéristiques de la maladie et des pratiques, les taux de maintien thérapeutique ont été étudiés au terme de la période de suivi, à l'aide des courbes de survie établies par la méthode de Kaplan-Meier et comparés par le test du log- rank. Enfin les facteurs prédictifs du maintien thérapeutique et la tolérance ont été étudiés. Les comorbidités associées ont été recherchées (dyslipidémie, hyperuricémie...). Les scores hépatiques non invasifs de fibrose (NAFLD et Fib 4) et le score HSI évaluant la stéatose hépatique ont été calculés à l'initiation de l'anti-IL17 et à l'arrêt si le traitement a été interrompu ou à la fin de la période de suivi si le traitement était poursuivi. Un changement catégoriel (absence, indéterminé, présence) des différents scores hépatiques a été recherché.
Résultats : 186 prescriptions chez 161 patients ont été analysées (69 PsO et 92 PsA). On comptait 50% d'hommes, l'âge moyen était de 55 ans. Le Secukinumab (SEC) était le plus prescrit dans le PsA (75 prescriptions contre 25 d'Ixekizumab (IXE). A la fin de la période de suivi, 111 des prescriptions avaient été arrêtées. Les causes d'arrêt étaient l'échappement (45%) puis l'inefficacité primaire (32%). Dans le PsA, la médiane de maintien était de 19 mois pour le SEC et de 22 mois pour l'IXE, sans différence significative (p=0,63). La médiane de maintien était de 37 mois pour le SEC et de 64 mois pour l'IXE dans le PsO (p=0,79). La comparaison du maintien thérapeutique tout anti-IL17 confondu dans le PsA et le PsO a mis en évidence une différence de maintien numérique (médiane de maintien de 60 mois dans le PsO et 20 mois dans le PsA) non significative (p=0,056). La tolérance était bonne avec seulement des évènements indésirables mineurs. Il n'a pas été retrouvé de facteurs prédictifs du maintien thérapeutique dans le PsA. La localisation du psoriasis au niveau palmoplantaire était associée à un moins bon maintien (p< 0.00001) alors qu'un âge plus élevé au diagnostic de PsO était associé à un meilleur maintien thérapeutique (p=0,024). Concernant les comorbidités, l'hyperuricémie asymptomatique était significativement plus élevée (p=0,04) dans le PsA (39 %) comparativement au PsO (13 %). La fréquence des autres comorbidités était comparable. L'analyse des scores hépatiques a montré une aggravation significative des scores de fibrose NAFLD (p=0,019) et Fib 4 (p=0,0089) pour les patients ayant interrompu le traitement. Aucune différence n'a été mise en évidence pour les patients ayant poursuivi le traitement. Il n'y avait pas d'association entre l'aggravation des scores de fibrose hépatique et la co- prescription de MTX. Aucune différence n'a été retrouvé pour le score HSI. Les patients qui ont poursuivi leur traitement ont plus souvent présenté une amélioration catégorielle de leur score Fib 4 par rapport à ceux ayant arrêté leur traitement (p=0,042).
Discussion et perspectives : Dans le PsA comme dans le PsO, Il n'y avait pas de différence de maintien thérapeutique entre le SEC et l'IXE dans cette étude et dans la littérature. Il ne semble pas exister de facteurs prédictifs objectifs reconnus du maintien thérapeutique des anti-IL17 dans le PsA. Selon des données récentes, il semblerait qu'une CRP normale pourrait être un facteur de choix en faveur d'un anti-IL17 mais ces données nécessitent d'être consolidées. Cette étude a montré une prévalence élevée de comorbidités cohérentes avec la littérature. L'aggravation des scores de fibrose hépatique seulement chez les patients ayant interrompu le traitement suggère une association entre une maladie psoriasique en échappement au traitement et une aggravation de l'inflammation hépatique concordant avec la pathogénèse même du psoriasis et de la fibrose hépatique impliquant l'IL-17.
Conclusion : Cette étude en vie réelle dans la maladie psoriasique apporte des données de tolérance rassurante et de maintien thérapeutique satisfaisante et comparable pour le SEC et l'IXE. L'étude des comorbidités a permis de démontrer l'interrelation entre l'atteinte psoriasique et hépatique, avec des enjeux thérapeutiques notamment en cas de résistance au traitement rappelant l'importance du dépistage des comorbidités hépatiques associées à la maladie psoriasique.
Mots-clés libres : Rhumatisme psoriasique, biothérapie, anti-IL17, psoriasis, maintien thérapeutique, tolérance, fibrose hépatique.
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