Thèse d'exercice
Facteurs associés au pronostic à court et long terme chez les patients immunodéprimés admis en réanimation pour une insuffisance respiratoire aiguë
FrançaisConsulter le texte intégral (format PDF)
Introduction : La prévalence des patients immunodéprimés en réanimation est en augmentation. Leur principal motif d'admission est l'insuffisance respiratoire aiguë. Leur taux de mortalité est élevé et continue d'augmenter après la sortie de réanimation. Dans cette population, les facteurs associés au pronostic à long terme sont dominés par les facteurs de risque de mortalité à court terme. De plus, le pronostic fonctionnel est rarement pris en compte dans ces analyses, alors qu'il est déterminant pour la poursuite ou non du traitement de la maladie de fond. Notre hypothèse est que les facteurs associés au mauvais pronostic à court terme diffèrent de ceux associés au mauvais pronostic à long terme chez les survivants.
Méthodes : Il s'agissait d'une analyse post-hoc d'un essai multicentrique, randomisé et contrôlé comparant deux stratégies d'oxygénation non invasive chez 299 patients immunodéprimés admis en réanimation pour une insuffisance respiratoire aiguë hypoxémique. Les objectifs étaient d'identifier les facteurs précoces (dans les 6 heures de la randomisation) associés au mauvais pronostic à court terme (défini par le décès à J28 de la randomisation) et au mauvais pronostic à long terme (défini par le décès ou la survie avec un score de l'Organisation Mondiale de la Santé de 3 ou 4 à J180 de la randomisation).
Résultats : Parmi les 299 patients analysés, 224 (75%) avaient un cancer (solide ou hémopathie). La mortalité à J28 était de 36%. En analyse multivariée, les facteurs indépendamment associés au mauvais pronostic à court terme étaient (odds ratio ajusté [intervalle de confiance à 95%]) : le cancer solide (3.99 [2.22-7.28]), une fréquence respiratoire ≥ 30 cycles/min à la randomisation (2.05 [1.23-3.47]) et le score SOFA à la randomisation (1.17 [1.07-1.29]). Les facteurs associés au mauvais pronostic à J180 étaient analysés chez 189 survivants (3 patients exclus pour score de l'Organisation Mondiale de la Santé à J180 manquant). Parmi les survivants à J28, 49 (26%) avaient un mauvais pronostic à J180, dont 39 étaient décédés (21%). En analyse multivariée, le fait d'être toujours hospitalisé à J28 (2.56 [1.27-5.26]) était associé au mauvais pronostic à J180, indépendamment du PaO2/FiO2 (0.99 [0.99- 1.00]) et de la PaCO2 à la randomisation (1.11 [1.05-1.19]).
Conclusion : Dans cette cohorte de patients immunodéprimés admis en réanimation pour une insuffisance respiratoire aiguë, l'existence d'un cancer solide était associée au pronostic à court terme, et le fait d'être toujours hospitalisé à J28 de l'hospitalisation princeps en réanimation était associé au mauvais pronostic à long terme, indépendamment de la sévérité de l'insuffisance respiratoire.
Mots-clés libres : Immunosuppression, insuffisance respiratoire aiguë, réanimation, mortalité.
Introduction : The prevalence of immunocompromised patients in intensive care unit (ICU) is increasing. Acute respiratory failure is their main reason for ICU admission. Their mortality rate is high and continues to increase after discharge from the ICU. In immunocompromised patients, factors associated with long-term outcome are dominated by risk factors of short-term mortality. Additionally, the functional status is rarely considered in these analyses, although it is a major determinant to select the adequate therapeutic option for the underlying disease. We hypothesized that factors associated with poor short-term outcomes differ from that associated with poor long-term outcomes among short-term survivors.
Methods : This is a post-hoc analysis of a multicenter randomized controlled trial comparing two strategies of non-invasive oxygenation in 299 immunocompromised patients admitted to the ICU. The objectives were to identify early factors (within 6 hours of randomization) associated with poor short-term outcome (defined as death at day 28 after randomization) and poor long-term outcome (defined as death or alive with Eastern Cooperative Oncology Group score of 3 or 4 at day 180 after randomization).
Results : Among the 299 patients analyzed, 224 (75%) had cancer (solid or hematological). Mortality rate at day 28 was 36%. In multivariate analysis, factors independently associated with poor short-term outcome were (adjusted odds ratio [95% confidence interval]) solid cancer (3.99 [2.22-7.28]), respiratory rate ≥ 30 breaths/min at randomization (2.05 [1.23-3.47]) and Sequential Organ Failure Assessment score at randomization (1.17 [1.07-1.29]). Factors associated with poor long-term outcome were analyzed in 189 survivors (3 patients excluded due to missing Eastern Cooperative Oncology Group score at day 180). Among survivors at day 28, 49 (26%) had poor prognosis at day J180, of whom 39 died (21%). In multivariate analysis, still being hospitalized at day 28 (2.56 [1.27-5.26]) was associated with poor long-term outcome, independently from PaO2/FiO2 (0.99 [0.99- 1.00]) and PaCO2 at randomization (1.11 [1.05-1.19]).
Conclusion : In this cohort of immunocompromised patient admitted to the ICU for acute respiratory failure, solid cancer was associated with short-term outcome, and still being hospitalized at day 28 of the initial ICU admission was associated with poor long-term outcome, independently from the severity of respiratory failure.
Keywords : Immunosuppression, acute respiratory failure, intensive care unit, mortality.
Menu :
Annexe :
Université de Poitiers - 15, rue de l'Hôtel Dieu - 86034 POITIERS Cedex - France - Tél : (33) (0)5 49 45 30 00 - Fax : (33) (0)5 49 45 30 50
petille@support.univ-poitiers.fr -
Crédits et mentions légales