Thèse d'exercice
Opinions et attentes des praticiens vis-à-vis de l'allongement du délai légal de l'IVG : étude qualitative par 17 entretiens semi-dirigés
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Introduction : L'interruption volontaire de grossesse est un droit français depuis la loi Veil de 1975. De nombreuses évolutions législatives ont eu lieu depuis ces dernières décennies. La dernière date de mars 2022 avec en partie, l'allongement du délai légal de l'IVG passant de 14 à 16 semaines d'aménorrhée. Ce changement a soulevé de nombreuses questions auprès des praticiens réalisant des IVG chirurgicales. L'objectif était donc de connaitre les différentes opinions et attentes des médecins vis-à-vis de l'allongement du délai légal de l'IVG.
Méthode : Analyse qualitative menée par des entretiens semi-dirigés, réalisés auprès de 17 praticiens pratiquant des IVG instrumentales dans des hôpitaux de Poitou-Charentes, d'avril 2021 à avril 2022. L'analyse a été réalisée jusqu'à saturation des données.
Résultats : Cette étude montre les différentes réflexions des médecins à propos de l'allongement du délai légal de l'IVG. Les résultats ont été classés en quatre grands thèmes principaux. Le premier thème abordé était, les motivations des sujets interrogés afin de renforcer le droit des femmes, en permettant un meilleur accès à l'orthogénie. Une des principales motivations était de permettre aux femmes d'être actrices de leur choix, en les informant de manière optimale. Le deuxième thème concernait les deux différentes techniques, instrumentale et médicamenteuse, permettant de réaliser une IVG entre 14 et 16 semaines d'aménorrhée, énumérant les avantages et inconvénients de chaque méthode. Le manque de formation, particulièrement pour la technique chirurgicale a été soulevé par la grande majorité des sujets interrogés. Le troisième thème présentait les obstacles redoutés, par les médecins interrogés, à la promulgation de cette loi. Les médecins craignaient certains risques pour la santé des femmes, que ce soit l'impact physique ou psychologique. Le pronostic obstétrical des futures grossesses désirées était l'inquiétude la plus citée par les médecins. Les difficultés personnelles des médecins à réaliser des IVG tardives entre 12 et 14 SA, et l'anticipation de la « morcellation » étaient des sujets souvent abordés. Le manque d'information a été quasiment systématiquement évoqué lors des entretiens. Dans le dernier thème, les médecins ont partagé leurs idées afin d'améliorer le système de soins, de renforcer ce droit à l'IVG. Beaucoup sont déjà mises en place, et à améliorer, comme l'éducation à la sexualité, l'information sur la contraception, ainsi que le conventionnement en ville afin d'augmenter le nombre de praticiens formés à l'orthogénie et faciliter l'accès à l'IVG.
Conclusion : Cette loi a créé des divergences d'opinions chez les différents praticiens interrogés. Ces résultats ont montré les différentes motivations, obstacles et attentes des médecins. La littérature est rassurante sur de nombreuses craintes évoquées par les sujets de l'étude, particulièrement sur les risques pour la santé des femmes. Cette étude relève des interrogations sur le choix de la technique à utiliser, le vécu des femmes, les complications aigues et le pronostic obstétrical chez les patientes réalisant des IVG entre 14 et 16 SA, qui pourraient mener à réaliser des études au long terme.
Mots-clés libres : Interruption volontaire de grossesse – droit – femme.
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