Thèse d'exercice
Faut-il toujours suivre les dernières recommandations HAS concernant la recherche mensuelle de la glycosurie de manière systématique dans le suivi des grossesses en médecine générale en 2022 ? : Une revue systématique de la littérature
Français
Travail non accessible
Contexte : La recherche de la glycosurie mensuelle date d'une époque où le test urinaire était le seul moyen diagnostic du diabète. Les recommandations actuelles concernant sa réalisation mensuelle sont contradictoires, mais elle reste obligatoire au cours des 7 visites prénatales.
Objectifs : Devant des disparités dans les recommandations, nous avons cherché à déterminer si la recherche de la glycosurie mensuelle était un test fiable, reproductible et valide pour le dépistage du diabète gestationnel. Nous avons eu pour objectifs secondaires de rechercher les facteurs perturbant la mesure de la glycosurie et d'évaluer l'intérêt clinique de la glycosurie en évaluant les liens statistiques avec des complications chez la mère ou chez l'enfant.
Méthodes : 7 bases de données ont été explorées jusqu'en décembre 2021 avec les mots clés « glycosuria » associé à « pregnancy ». Tous les articles évoquant le dépistage du diabète gestationnel par le biais de la glycosurie, son lien avec des complications maternelles ou chez l'enfant et ceux étudiant son incidence ainsi que ses étiologies au cours de la grossesse ont été inclus. Les études non disponibles en intégralité, celles non traduites en anglais ou français, et les rapports de cas/lettre à la rédaction/résumé ont été exclus. L'extraction des données a été faite de manière systématique par le biais d'un tableau. Nous avons réalisé des analyses statistiques pour le calcul de la sensibilité et de l'indice de Youden mais également du Chi 2 et de l'odds ratio après avoir réalisé un tableau de contingence.
Résultats : 61 articles ont été inclus dont 18 articles principaux pour l'analyse des caractéristiques intrinsèques et prédictives de test de glycosurie pour le dépistage du diabète gestationnel. Les résultats étaient comparés à un test de tolérance oral dans l'ensemble de la population pour 7 articles, à un test de dépistage en deux temps dans 7 autres études et à un test intraveineux pour la dernière. Les sensibilités issues de chaque article étaient inférieures aux sensibilités des tests de référence. Il était de même avec les résultats de nos études cumulatives, dont les sensibilités de 29,3% et 8,1% étaient nettement inférieures à celle de l'OGTT 75g (Se : 90%), de l'OGTT 100g (80%) et du test en deux temps (Se : 79-81,2%). Les indices de Youden étaient tous inférieurs à 0,5, soit en faveur d'un test peu efficace. Nos analyses secondaires ont démontré que la glycosurie était peu reproductible, variant selon les modifications hémodynamiques et rénales physiologiques lors de la grossesse mais également selon la glycémie, la méthode de recueil des urines et le test utilisé. Les résultats pouvaient être perturbés par la présence d'autre substance telle la vitamine C. Nos résultats ne nous permettent pas de conclure sur la présence d'un risque plus élevé de complications en cas de glycosurie lors de la grossesse.
Conclusion : La recherche de la glycosurie au cours de la grossesse n'est pas un test de dépistage fiable, reproductible et valide pour prédire un diabète gestationnel. Nos résultats ne justifient pas sa poursuite dans le cadre du dépistage du diabète gestationnel. Son intérêt clinique n'étant pas non plus démontré dans la littérature, une révision de l'article R2122-2 du code de la santé publique nous parait nécessaire en vue de l'arrêt de son dosage mensuel systématique, sans surcoût ni surrisque supplémentaire.
Mots-clés libres : glycosurie, grossesse, diabète gestationnel, test de dépistage.
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