Thèse d'exercice
Devenir obstétrical et pronostic néonatal des patientes porteuses d'un fœtus atteint d'une atrésie digestive au CHU de Poitiers : étude rétrospective de 55 cas
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Introduction. La découverte anténatale d'une atrésie digestive fœtale impose un accouchement programmé dans une maternité de niveau 3 en raison de la nécessité d'une prise en charge néonatale immédiate et d'une chirurgie dans les premiers jours de vie. Cependant, l'atrésie digestive haute est fréquemment compliquée par un hydramnios qui provoque des accouchements dystociques. De plus, l'annonce d'une malformation fœtale par diagnostic ante natal a un effet psychologique important sur les couples, avec un mauvais vécu majoré en cas d'accouchement dans un lieu à distance du domicile. Le but de cette étude est de décrire les issues obstétricales et les bénéfices néonataux d'un déclenchement programmé par rapport aux enfants nés dans leur maternité d'origine et transférés secondairement.
Matériel et Méthodes. Il s'agit d'une étude de cohorte rétrospective monocentrique de 55 cas dans la maternité du CHU de Poitiers. Nous avons inclus toutes les naissances vivantes avec atrésie digestive (œsophage, duodénum, grêle, côlon), pris en charge entre 2009 et 2019. Nous avons comparé les issues obstétricales et néonatales du groupe « Diagnostic Pré natal », qui comprend les cas d'atrésie digestive suspectée en échographie de référence, et confirmée en post natal, et le groupe « Diagnostic Post natal », dont l'atrésie était méconnue et objectivée uniquement à la naissance.
Résultats. Nous ne retrouvons pas de différence statistique entre les groupes sur le taux de déclenchement, le mode d'accouchement vaginal ou instrumental, le taux de césarienne. Il existe significativement plus d'accouchement prématuré avant 37 SA et avant 34 SA dans le groupe « Pré natal » (respectivement 61% contre 32%, p= 0,05 et 23% contre 0%, p= 0,03) avec différence de moyennes observées de 16 jours, p= 0,002 à taux d'hydramnios et malformations associées superposables entre les deux groupes. Concernant l'état néonatal, nous ne retrouvons pas de différence statistique entre les deux groupes, mais nous observons une durée d'hospitalisation significativement plus longue dans le groupe « Pré natal », 29 jours, contre 18 jours dans le groupe « Post natal » (p=0,03).
Conclusion. Nous n'avons pas pu démontrer de bénéfice à un accouchement programmé dans une maternité de niveau 3 en cas de suspicion d'atrésie digestive. Nous spéculons que l'angoisse liée à la découverte d'une anomalie fœtale peut être impliquée dans la genèse des accouchements prématurés. La durée d'hospitalisation plus longue des nouveaux nés du groupe « Pré natal » est probablement liée au taux de prématurité plus élevé. D'autres études prospectives ciblées sur le vécu des parents sont nécessaires pour étayer cette hypothèse.
Mots-clés libres : atrésie digestive fœtale, devenir obstétrical, pronostic néonatal.
Introduction. The antenatal diagnostic of fetal esophageal or intestinal atresia requires a scheduled delivery in a perinatal health care center (level IV) due to the need for immediate neonatal care and surgery in the first days of life. However, the esophageal and small bowel atresia are frequently complicated by hydramnios and obstructed labor. In addition, the announcement of a fetal malformation has a significant psychological effect on couples, with an increased negative experience in the case of childbirth far from home. The aim of this study is to describe the obstetric outcomes and neonatal benefits of scheduled induction compared with children born in their birth center and transferred secondarily.
Material and methods. This is a single center retrospective cohort study of 55 cases in the maternity hospital of Poitiers University Hospital. We included all live births with atresia of esophagus, duodenum, small intestine or colon, treated between 2009 and 2019. We compared the obstetric and neonatal outcomes of the “Pre-natal” group, which includes cases of esophageal or intestinal atresia suspected on reference ultrasound and confirmed postnatally, as well as the “Post-natal” group, whose atresia was not detected in advance and objectified only at birth.
Results. We did not find any statistical difference in the rate of induction, the method of vaginal or instrumental delivery and the rate of cesarean section. There were significantly more premature deliveries before 37 weeks and before 34 weeks in the “Pre-natal” group than those of the “Post-natal” group (respectively 61% vs. 32%, p = 0.05 and 23% vs. 0%, p = 0.03) with a difference in means of 16-day, p = 0.002. The rate of hydramnios and associated malformations of the two groups was similar. We did not find any statistical difference in neonatal outcomes, but we observed a significantly longer hospital stay in the “Pre-natal” group, 29 days, compared with 18 days in the “Post-natal” group. (p = 0.03).
Conclusion. We could not demonstrate any benefit from a scheduled delivery in a perinatal health care center in case of suspected fetal esophageal or intestinal atresia. We speculate that the anxiety associated with the diagnosis of a fetal anomaly may be involved in the genesis of the preterm delivery. The longer hospital stay of newborns in the "Pre-natal" group may be related to the higher prematurity rate. Further prospective studies focused on the patients' experience are needed to support this hypothesis.
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