Thèse d'exercice
Étude pronostique à partir d'une cohorte historique des patients perdus de vue post chirurgie-bariatrique au Centre Spécialisé de l'Obésité (CSO) Poitou-Charentes et évaluation des raisons de la rupture du suivi
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INTRODUCTION : L'obésité est une pandémie qui touche environ 7,6 millions de français et ses complications entraînent au moins 2,8 millions de décès. Le surpoids et l'obésité sont reconnus comme la cinquième cause de mortalité par l'OMS, c'est donc un problème de santé publique. La chirurgie bariatrique est le traitement le plus efficace pour traiter cette maladie et ses complications si les patients ont mis en place en parallèle un nouveau mode de vie et qu'ils sont suivis à vie. Le suivi sert à s'assurer qu'il n'y a pas de complications médicales ou chirurgicales, à dépister et prendre en charge les complications nutritionnelles (carences vitaminiques), à ajuster les traitements des comorbiditées associées présentes en pré-opératoire mais aussi à prendre en charge une éventuelle reprise de poids. Or, il existe un nombre important de patients perdus de vue. Cette étude rétrospective vise à identifier les patients perdus de vue et à déterminer leur raison de rupture au CSO afin d'améliorer la prise en charge.
MATERIELS ET METHODES : Nous avons inclus les patients opérés d'une chirurgie bariatrique et suivis au CSO Poitou-Charentes de 2005 à juillet 2018. Sur une population de 519 patients, 407 patients ont été retenus dans notre étude. Nous avons sélectionné les patients perdus de vue et comparé les deux populations afin d'étudier s'il existait des facteurs prédictifs d'être perdu de vue. Puis, nous avons contacté par téléphone les patients perdus de vue afin de répondre à un questionnaire.
RÉSULTATS : Le taux de perdus de vue dans notre étude est de 44,7%. La majorité des patients est perdue de vue entre 1 et 3 ans après la chirurgie (65%). 24% ont repris un suivi régulier au CSO P-C et ¼ déclarent avoir toujours un suivi hors du CSO, qui est assuré à 75% par leur médecin traitant. La majorité des patients perdus de vue (77.5%) souhaiterait revenir en consultation au CSO. Le motif principal de rupture avec le CSO P-C avancé par les patients est qu'ils attendaient d'être convoqués par le centre (46%). D'autres évoquent un manque de temps, une difficulté à prendre rendez-vous et une distance trop importante avec le centre. La distance avec le centre est un facteur de risque prédictif significatif d'être perdu de vue dans cette étude. Certains facteurs comme le type de chirurgie (SG), le fait d'avoir un diabète pré-opératoire et d'avoir eu un antécédent de chirurgie bariatrique semblent être associés à un risque moins important d'être perdu de vue. Par ailleurs, l'âge, le sexe, la PEP et l'IMC pré-opératoire n'ont pas été identifiés, dans cette étude, comme des facteurs prédictifs d'être perdu de vue. Seulement 53% des patients perdus de vue prennent quotidiennement une supplémentation vitaminique, 47% ont arrêté par inutilité et 11% mettent en avant leur coût. Seuls 34 % des patients pensent que le suivi médical post chirurgie bariatrique doit se faire à vie.
CONCLUSION : Les patients vivant à une distance importante du centre nécessitent une surveillance renforcée notamment entre la première et la troisième année après la chirurgie. Il existe un important manque de connaissances de la part des patients concernant leur suivi. La supplémentation vitaminique chez les patients perdus de vue n'est pas satisfaisante.
Les patients perdus de vue sont en demande de soins de la part de spécialistes, une amélioration de l'accès aux soins semble primordiale pour ces patients.
Mots-clés libres : Obésité, chirurgie bariatrique, perdu de vue, motif de rupture du suivi.
INTRODUCTION : Obesity is a pandemic that affects approximately 7.6 million people in France and its complications result in at least 2.8 million deaths. Overweight and obesity are recognized as the fifth leading cause of death by WHO, it is a public health problem. Bariatric surgery is the most effective treatment for this disease and its complications if patients have simultaneously established a new lifestyle and have regular follow-up for the rest of their life. The follow-up is used to ensure that there are no medical or surgical complications, to detect and manage nutritional complications (vitamin deficiencies), to adjust the treatment of associated comorbidities present pre-operatively but also to help rapidly in case of any weight gain. However, there is a significant number of patients being lost. This retrospective study aims to identify patients lost to follow-up and determine their reason for not coming back at the CSO in order to improve care.
MATERIALS AND METHODS : In this study we have included patients operated of a bariatric surgery and followed at the Poitou-Charentes CSO from 2005 to July 2018. Out of an overall population of 519 patients, 407 patients were included in our study. We selected patients not coming for follow-up and compared the two populations to study whether there were predictors factors of becoming a lost patient. Then, we contacted the lost patients by telephone in order to have them answer a questionnaire.
RESULTS : In our study the rate of lost patients is of 44.7%. The majority of patients are lost to follow-up between 1 and 3 years after surgery (65%). 24% have resumed a regular follow-up at the CSO PC and ¼ say they still have follow-up outside the CSO, which in 75% of cases is provided by their attending general physician. The majority of patients lost to follow-up (77.5%) would like to return for a consultation at the CSO. The main reason for breaking away from CSO PC claimed by patients is that they were waiting to be contacted by the center (46%). Others mentioned a lack of time, difficulty in making an appointment and living too far away from the center. Distance from the center is a significant predictor of risk of being lost to follow-up in this study. Factors such as the type of surgery (OS), having preoperative diabetes and having provious bariatric surgery seem to be associated with a lower risk of becoming a lost patient. Furthermore, age, sex, PEP and preoperative BMI were not identified in this study as predictors of being lost to follow-up. Only 53% of patients lost to follow-up take vitamin supplementation daily, 47% have stopped because of uselessness and 11% highlight their cost. Only 34% of patients think that medical follow-up after bariatric surgery should be done for life.
CONCLUSION : Patients having a significant distance from the center require reinforced monitoring, especially between the first and third year after surgery. We observe that patients lack significant knowledge regarding the importance of their follow-up. Vitamin supplementation in lost patients is not satisfactory. Patients not coming for follow-up are in need of care from specialists, and improving access to care seems essential for those patients.
Keywords : Obesity, bariatric surgery, lost patient, reason for discontinuing follow-up.
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