Thèse d'exercice
Trouble d'anxiété sociale et exposition in virtuo : étude pilote auprès d'adolescents du Sud Charente Maritime
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Introduction : Le nombre croissant de publications sur la phobie sociale témoigne de son enjeu médical et sociétal. Elle entraine des complications majeures (dépression, addictions, suicide) et un retentissement familial, professionnel et relationnel marqué. Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et les thérapies cognitivo- comportementales (TCC), utilisés en 1ère intention, ont un impact réel limité (iatrogénie, coût en temps et en argent).
L'industrialisation à grande échelle a permis aux thérapies d'exposition par réalité virtuelle (TERV) d'émerger pour présenter chez l'adulte une efficacité clinique équivalente aux TCC et des avantages précis (degré de confidentialité, aspect motivationnel, degré de contrôle des stimuli anxiogènes). Il existe peu d'études dans la population adolescente alors même que son âge d'apparition se situe entre 10 et 16 ans et qu'une intervention précoce n'est plus à valider.
Matériel et Méthode : Notre étude pilote fait l'hypothèse d'une diminution des symptômes anxieux et des conduites d'évitement, chez l'adolescent de 11 à 17 ans souffrant d'un trouble d'anxiété social, à court terme après protocole. Ce dernier se compose de 12 séances au total, hebdomadaires, d'une durée d'une heure, avec une évaluation fonctionnelle et l'apprentissage de techniques d'autogestion de l'anxiété avant l'exposition aux stimuli anxiogènes in virtuo.
Notre critère de jugement principal concerne la diminution de 50% de l'échelle d'anxiété sociale de Liebowitz adaptée à l'adolescent (LSAS-CA) à un mois de la fin du protocole. Notre critère secondaire propose la diminution de biais d'associations implicites à un mois à l'aide d'un IAT, sans restructuration cognitive associée. Le matériel utilisé comprend un casque Oculus Rift et un logiciel de l'entreprise C2Care.
Résultats : Nos 4 participants ont une diminution de la LSAS-CA d'au moins 25% en post-TERV dont 2 sont supérieures à 60%, soit une moyenne de 41%. 3 d'entre eux ont une diminution de 50% sur les items interactions sociales. L'amélioration des conduites d'évitement est supérieure à la diminution des niveaux d'anxiété pour les 4 participants sur la LSAS-CA.
De même, les 3 sujets déscolarisés initialement ont repris leur scolarité en post-TERV.
Les résultats cognitifs du critère secondaire sont hétérogènes avec des tailles d'effet distinguant une relative stabilité (+ 0.17, -0.21) pour deux participants, une augmentation forte des biais pour un autre (+1.01), et une diminution forte pour le dernier (-0.89).
Discussion : Les résultats retrouvent une tendance à la diminution des conduites d'évitement et des niveaux d'anxiété à court terme chez l'adolescent, sans pouvoir conclure sur leur généralisation devant le faible nombre d'inclus et l'absence de groupe contrôle. Les résultats cognitifs ne montrent pas d'amélioration satisfaisante des biais à ce stade.
L'absence d'effets secondaires type cybermalaise, et la bonne acceptabilité de la TERV par les participants justifient la poursuite d'une évaluation clinique par des études multicentriques, randomisées et sur un grand nombre de patients afin de confirmer ses avantages et de préciser sa place dans la psychiatrie de demain.
Mots-clés libres : phobie sociale, anxiété sociale, adolescent, réalité virtuelle, thérapie cognitivo-comportementale, sentiment de présence, cybermalaise, IAT.
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