Thèse d'exercice
Prévalence des psychotropes chez des patients âgés de plus de 75 ans : étude réalisée dans le service de court séjour gériatrique du CH Saintonges avec suivi des patients à 6 mois
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Introduction : La prescription de psychotropes a été ciblée comme problème de santé majeur et complexe par l'HAS, dans son rapport de 2007. La France fait partie des plus gros consommateurs européens de psychotropes. Ces médicaments sont pourvoyeurs d'une iatrogénie importante, s'intensifiant avec le vieillissement.
Objectifs : L'objectif principal était d'évaluer la prévalence des psychotropes dans une population gériatrique composée de patients âgés de plus de 75 ans. Les objectifs secondaires étaient d'effectuer un suivi de ces patients à 6 mois et d'identifier les facteurs influençant la bonne prescription des psychotropes.
Méthode : Étude observationnelle, transversale, monocentrique, descriptive et prospective. Tous les patients âgés de plus de 75 ans et hospitalisés dans le service de médecine gériatrique de l'hôpital de Saintes ont été inclus. Une évaluation cognitive, ainsi que des comorbidités et du niveau d'autonomie a été faite durant l'hospitalisation. L'évaluation des médicaments potentiellement inappropriés a été faite a l'aide de l'outil GeriaMed 2014 ainsi que la fiche des médicaments potentiellement inappropriés aux personnes âgées du CH Saintonges. Le suivi, 6 mois après la sortie du service, a été fait par questionnaire aux médecins traitants. La première partie concernait le patient et son traitement. La deuxième partie, indépendante et anonyme, concernait les pratiques des médecins concernant la prescription des psychotropes.
Résultats : 138 patients ont été inclus sur la période (66% de femmes – âge moyen 88ans), 79 étaient sous traitement psychotrope. 35% des patients qui préparaient leurs traitements seuls à domicile le faisaient avec des troubles cognitifs modérés à sévères. L'analyse des prescriptions a montré que 49% des prescriptions de psychotropes étaient jugées potentiellement inappropriées aux personnes âgées. La survenue de chutes dans les 3 mois précédant l'hospitalisation concernait 58% des patients sous neuroleptiques. Les neuroleptiques étant impliqués dans 55% des évènements iatrogènes potentiels ayant conduit à l'hospitalisation. 60% des traitements psychotropes ont été modifiés par le gériatre durant l'hospitalisation pour cause de prescription jugée non appropriée. Le suivi des patients a montré peu de modifications de traitement de la part des médecins généralistes. 86% des médecins interrogés trouvent que la transmission des informations hôpital-ville n'est pas optimale. En ce qui concerne la prescription des psychotropes, 95% assurent connaitre les recommandations de prescription, 11% les jugent facilement applicables. Les principaux obstacles au sevrage de ces traitements sont le manque d'alternative thérapeutique, le refus du patient ou de son entourage et le manque de temps.
Conclusion : Notre étude a montré que la prévalence des psychotropes reste similaire aux données disponibles avant les recommandations HAS. Nous avons identifié le problème de l'indication de prescription avec 60% de traitements modifiés par le gériatre. Les freins à une bonne prise en charge ambulatoire sont nombreux. Cette prise en charge impose une formation des personnels soignants ainsi que l'éducation aidants familiaux et patients, le développement des programmes de prise en charge pluridisciplinaire, la numérisation du dossier patient et l'accès aux avis des équipes mobiles de gériatrie et de gérontopsychiatrie extra-hospitalières. Nous avons également pointé le manque d'étude concernant les psychotropes chez les patients âgés et en déclin cognitif.
Mots-clés libres : prévalence, psychotropes, personnes âgées, médecine générale.
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