Thèse d'exercice
Interactions entre les compléments alimentaires et les anticancéreux par voie orale dans les cancers solides : revue systématique de la littérature et application en médecine générale
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Introduction. Le cancer constitue la deuxième cause de décès dans le monde. En France, 3 millions de personnes vivent avec ou après un cancer. Le traitement associe trois types d'interventions : la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie. L'Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé s'est intéressée aux interactions entre l'alimentation et les chimiothérapies. Ces interactions mettent en jeu les inhibiteurs, comme le chardon-marie, et les inducteurs, comme le millepertuis, des cytochromes P450. Or, le nombre de consommateurs de compléments alimentaires atteint 22% des adultes de 18 à 79 ans en 2014. Selon la Fondation Contre le Cancer, « 54 à 81% des patients atteints de cancer utiliseraient des compléments alimentaires ». L'objectif principal de ce travail était de définir dans quelle mesure cette consommation modifie l'efficacité des patients atteints de cancers solides traités par anticancéreux oraux.
Méthodes. Les trois principales bases de données bibliographiques interrogées ont été MEDLINE, EMBASE et CENTRAL, ainsi que ScienceDirect, l'Encyclopédie Médico-Chirurgicale, la Littérature Scientifique en Santé, Google Scholar et les sites des agences gouvernementales et des institutions. Les études entre le 1er avril 2007 et le 31 avril 2017 étaient inclues. Seules ont été incluses les études portant sur les patients traités par anticancéreux oraux appartenant à la catégorie L01, soit les antinéoplasiques, de la classification ATC (Anatomique, Thérapeutique et Chimique) et les études dont la population consommaient des compléments alimentaires définis par l'association belge « la Fondation contre le cancer ».
Résultats. La recherche initiale a permis d'identifier 4010 références. 109 titres ont été retenus après lecture des titres et 51 références d'articles après lecture des résumés. La lecture en texte intégral a permis de sélectionner 12 textes. Une recherche secondaire a intégré un article supplémentaire. Aucune étude n'a étudié l'interaction entre les compléments alimentaires et les chimiothérapies par voie orale concernant la baisse de la survie, ni les modifications de la tolérance par les anticancéreux oraux. Des études in vitro et in vitro chez des volontaires sains ont été menées pour analyser les résultats de ces interactions. Il a néanmoins été mis en évidence que la mortalité toutes causes confondues pouvait être significativement plus élevée chez des patients supplémentés en antioxydants, tels la vitamine E et le -carotène après un suivi à long terme.
Discussion. L'utilisation des compléments alimentaires doit être réservée aux patients présentant des carences vitaminiques, en oligo-éléments ou en minéraux. Ceci est d'autant plus vrai qu'une supplémentation en antioxydants pouvait augmenter le risque de mortalité de façon significative à doses pharmacologiques, dix à vingt fois la dose recommandée quotidiennement, et de manière non significative à doses nutritionnelles, une à deux fois la dose quotidienne recommandée.
Mots-clés libres : chimiothérapie, anticancéreux, antinéoplasiques, cancers solides, compléments alimentaires, interactions aliments-médicaments, interactions plantes-médicaments .
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