Thèse d'exercice
Prise en charge de l'inconfort chez le patient relevant de soins palliatifs en incapacité de s'exprimer : enquête auprès des médecins de soins palliatifs français
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Introduction : l'inconfort du patient est au cœur des préoccupations des acteurs des soins palliatifs. Celui-ci doit être dépisté pour être traité. Quand le patient n'est plus en mesure de verbaliser sa plainte, reste pour le professionnel de santé à déchiffrer le langage du corps souffrant pour déterminer l'origine de l'inconfort. L'objectif de notre travail était d'établir un état des lieux de la prise en charge de l'inconfort du patient hors d'état de s'exprimer en soins palliatifs.
Matériel et méthode : il s'agit d'une étude observationnelle descriptive menée auprès des médecins de soins palliatifs français entre le 29 mai 2017 et le 2 juillet 2017, à l'aide d'un questionnaire standardisé auto-administré fondé sur l'échelle de Likert.
Résultats : 510 médecins ont été sollicités, 217 questionnaires ont été reçus et exploités. Le taux de participation était de 39,7%. 49,31% avait moins de 35 ans et 58,06% moins de 10 ans d'expérience médicale. 92,93% des médecins étaient fréquemment confrontés à la prise en charge de l'inconfort du patient en incapacité de s'exprimer et 59,10% ressentaient des difficultés à discriminer l'origine de l'inconfort alors que 34,85% n'avaient pas de difficulté à définir leur approche thérapeutique. L'échelle Algoplus® était utilisée couramment par 73% des médecins, et 54,04% des médecins estimaient que l'échelle Algoplus® permettait de distinguer la douleur d'une anxiété ou d'autres troubles neuropsychiques. Pour définir l'origine de l'inconfort, les médecins s'appuyaient sur l'examen clinique (100%), l'historique de l'inconfort (97,85%) et le ressenti de l'équipe soignante (95,70%). 79,50% des médecins estimaient que leur intuition influençait leur évaluation. La stratégie du test thérapeutique (bolus d'antalgique puis bolus d'anxiolytique) était jugée la plus pertinente pour 79,33% des médecins. Les médecins considérant que l'Algoplus® permettait la distinction entre la douleur et l'anxiété était plus âgés (p < 0,01), et plus expérimentés (p = 0,03), et déclaraient davantage de difficultés et à discriminer l'origine de l'inconfort (p = 0,04) et à définir leur approche thérapeutique (p = 0,04). L'incertitude diagnostique n'influençait pas la prise en charge thérapeutique.
Discussion : les échelles comportementales sont certes utiles pour évaluer l'intensité d'une douleur avérée et pour affirmer un inconfort sans en présumer l'origine. Elles ne permettent cependant pas d'affirmer une douleur non dépistée antérieurement. Le test thérapeutique pourrait permettre de discriminer efficacement la souffrance physique et psychique. Reste à définir un protocole pertinent selon la voie d'abord disponible, définissant le choix des molécules et les échelles d'évaluation.
Mots-clés libres : évaluation de l'inconfort, soins palliatifs, prise en charge symptomatique, échelle d'hétéro-évaluation de la douleur, test thérapeutique.
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