Mémoire
La laxité ligamentaire périphérique à terme est-elle associée à la survenue de déchirures périnéales obstétricales à l’accouchement ?
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Introduction et objectif – Les déchirures périnéales obstétricales sont un problème fréquent, dont les moyens de prévention sont peu efficaces. Pendant la grossesse, il est décrit une augmentation de la laxité ligamentaire périphérique et une augmentation de la mobilité du plancher pelvien, avec notamment un allongement de la distance ano-vulvaire, qui est associée au risque de déchirure périnéale sévère.
Le but était de rechercher une association entre la laxité ligamentaire à terme et la survenue de déchirures périnéales obstétricales à l’accouchement.
Matériel et Méthode – Etude prospective, mono-centrique, incluant 300 femmes à terme, non contreindiquées à un accouchement par voie vaginale évaluées entre 36 SA et leur accouchement. La laxité ligamentaire et la distance ano-vulvaire étaient mesurées avant le début du travail ou au cours de la première phase de celui-ci.
La laxité ligamentaire était évaluée en mesurant le degré d’extension passive de l’index de la main non dominante pour un couple appliqué à la deuxième articulation métacarpo-phalangienne de 0,26 N.m (mesure dénommée "laxité MCP"). Les caractéristiques générales de chaque femme, du travail, de l’accouchement et l’existence d’une déchirure périnéale (selon la classification du RCOG) étaient collectées.
La laxité ligamentaire était comparée entre les femmes ayant un périnée intact versus celles avec une déchirure périnéale qu’elle qu’en soit la sévérité, puis avec celles présentant une déchirure de stade >
2. Les variables qualitatives étaient comparées avec un test du Chi2, les variables quantitatives avec un test de Student. L’association entre déchirure périnéale et laxité ligamentaire était évaluée par un test ANOVA. Une analyse de type ROC était utilisée pour identifier une valeur seuil de laxité ligamentaire pour le risque de déchirures périnéales sévères. Le projet était validé par le Comité de Protection des Personnes de Poitiers.
Résultats – Il existe une association significative entre la survenue d’une déchirure périnéale obstétricale et la laxité ligamentaire périphérique mesurée à terme, ainsi qu’avec le stade de déchirure (p = 0,03). La laxité MCP moyenne des femmes ayant un périnée intact était de 58,6° (± 17,8), alors que celle des femmes ayant une déchirure de stade 4 est de 65,8° (± 17,8). Une laxité MCP > 64° est associée à un risque de déchirure périnéale de stade > 2 avec une sensibilité de 75% et une spécificité de 57%.
Conclusion – La laxité ligamentaire périphérique à terme est associée à la survenue de déchirures périnéales obstétricales à l’accouchement et la sévérité de ces lésions. L’utilisation de la laxité ligamentaire à terme dans notre évaluation du risque de déchirures sévères pourrait nous orienter vers une évaluation individuelle du risque prenant en compte les modalités de l’accouchement et la susceptibilité individuelle de la femme.
Mots-clés libres : laxité ligamentaire, déchirure périnéale obstétricale, déchirures de stade 3 et 4, extensomètre.
Introduction and objectives – Obstetrical perineal lacerations are a common problem, the means of prevention having little effect. During pregnancy, an increase of peripheral joint laxity has been observed and an increase of the pelvic floor mobility’s, notably a lengthening of the perineal body, that is associated with the risk of severe perineal lacerations, from the third trimester. The aim of this study was to look for an association between peripheral joint laxity at full term and the occurrence of perineal lacerations at delivery. Patients and Methods – A prospective, mono-centric study was carried out including 300 women at full term, without contraindications for a vaginal delivery who were assessed between 36 weeks and their delivery. Before or at the beginning of labour, the joint laxity and the perineal body of each woman were measured. The joint laxity was assessed by measuring the degree of passive extension of the index of the non-dominant hand for an applied torque of 0.26 N.m (a measure called "laxity MCP"). The general characteristics of each woman, labour, delivery and presence of perineal laceration (RCOG classification) were collected. Joint laxity was compared between women with an intact perineum, with a perineal laceration, and then with an obstetric anal sphincter tear. Qualitative variables were compared with a Chi2 test, quantitative variables with a Student test. The association between perineal laceration and joint laxity was assessed with an ANOVA test. A ROC analysis was used to identify a value threshold for joint laxity risking perineal laceration. The Poitiers’ Committee for the Protection of Persons validated the project. Results – A significant association existed between perineal lacerations occurring at delivery and the peripheral joint laxity at full term as well as the degree of the tear (p = 0.03). The average laxity MCP of women with an intact perineum was 58.6° (± 17.8) whilst that of women with a stage 4 tear was 65.8° (± 17.8). A laxity MCP > 64° is associated with a risk of perineal laceration stage > 2 with a sensitivity of 75% and specificity of 57%. Conclusion – The peripheral joint laxity at full term is associated with perineal laceration at delivery and the severity of the tear. The use of joint laxity at full term in our risk evaluation of severe perineal lacerations could orientate us towards an individual assessment of the risk taking into account the delivery modalities and susceptibility of each woman.
Keywords : peripheral joint laxity, perineal laceration, third degree and fourth degree lacerations, extensometer.
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